David Rand
2021-01-25
Ce texte est la traduction française de la transcription d’une vidéo préparée pour fêter la Dixième Journée annuelle internationale de protestation contre la religion héréditaire, le 20 janvier 2021, un événement en ligne sur la page Facebook End Hereditary Religion.
À mon avis, les parents ont le droit d’instruire leurs enfants au sujet de leur religion (c’est-à-dire, celle des parents), mais ils n’ont pas le droit d’imposer cette religion à leurs enfants en les endoctrinant. Alors, quelle est la différence entre « instruction » et « endoctrinement » ? Comment peut-on permettre la première tout en prévenant le second ?
Un moyen privilégié de ce faire : l’école laïque. Toute école publique devrait être laïque afin de faire obstacle à l’endoctrinement religieux scolaire. Ainsi, quoi qu’il arrive à la maison, l’enfant est affranchi de cet environnement durant plusieurs heures chaque jour d’école. Il est possible que cela ne suffise pas pour empêcher tout endoctrinement, car celui-ci peut toujour se produire chez soi, mais il s’agit tout de même d’un minimum absolument nécessaire.
Afin que les écoles soient laïques, les membres du personnel scolaire, surtout les enseignants et enseignantes, doit maintenir une neutralité religieuse, tant dans leur comportement qu’en apparence. En particulier, ils ne doivent porter aucun signe religieux évident au travail, surtout en salle de cours.
J’habite au Québec où le gouvernement a adopté en juin 2019 une loi, la Loi 21, qui instaure partiellement la laïcité d’État dans cette province. Une de ses dispositions interdit le port de signes religieux par les enseignants ainsi que par les directeurs et vice-directeurs d’école dans le système scolaire public. Ceci est une très bonne mesure, bien que plutôt modérée, voire timide, si nous la comparons à la législation dans plusieurs pays d’Europe. Cette interdiction dans la Loi 21 ne s’applique pas au personnel non enseignant des les écoles publiques. Elle ne s’applique ni aux écoles privées (lesquelles sont financées partiellement par des fonds publics), ni au personnel des centres de la petite enfance (ce qui constitue une lacune majeure pour la raison évidente qu’il s’agit de très jeunes enfants, donc les plus vulnérables).
Néanmoins, cette modeste mesure a attiré les foudres des adversaires de la laïcité qui l’ont attaquée de façon exagérée, fanatique et parfois malhonnête. Ils ont même intenté une contestation de la Loi 21 devant les tribunaux dans le but de faire abroger cette législation progressiste.
La Loi 21 interdit aussi le port de signes religieux par les fonctionnaires en position d’autorité coercitive — police, juges, procureurs et gardiens de prison. Mais c’est l’interdiction chez les enseignants qui est particulièrement importante. Les enfants constituent un public captif pendant des heures chaque jour d’école. Leurs enseignants sont pour eux des modèles. Un enseignant qui porte un signe religieux au travail se livre à une forme de prosélytisme passif, inacceptable dans ce contexte. Si les enseignants devaient afficher sur leurs vêtements de la publicité pour des produits commerciaux ou pour des partis politiques devant la classe, ce serait tout aussi inacceptable. De plus, le prosélytisme ne se limite pas seulement à des tentatives de conversion ; il comprend également des objectifs beaucoup plus subtils et insidieux tels que la normalisation et la banalisation de la publicité religieuse — que je considère une forme de narcissisme religieux ou même de fanatisme religieux — afin que le public l’accepte sans poser de questions.
Le prosélytisme interne, lorsque l’enfant ainsi exposé provient d’une famille de la même religion que le signe, est particulièrement inquiétant. Par exemple, le hijab islamique est un symbole de pureté qui signifie que les femmes qui n’en portent pas — surtout des femmes musulmanes — seraient impures. Si une enseignante porte le hijab et que la mère de son élève est une Musulmane qui n’en porte pas, cela implique que cette mère est une mauvaise Musulmane et une femme impure. Il s’agit là d’un message très négatif imposé à cet(te) enfant, et ce message est transmis peu importent les intentions ou la mentalité de l’enseignante, car c’est ce qu’elle porte qui le véhicule.
En plus d’assurer la laïcité des écoles, comment pouvons-nous contribuer à minimiser l’endoctrinement religieux des enfants ? Le plus important est de respecter la liberté de conscience des enfants en se gardant de les étiqueter avec la religion de leurs parents. Toute identification religieuse des enfants doit être évitée car la religion ne devrait être l’affaire que des adultes. Il n’existe pas d’enfant chrétien, d’enfant musulman, d’enfant hindou, etc. il n’y a que des enfants dont les parents sont chrétiens, musulmans, hindous, etc. Qualifier un enfant de la religion de ses parents revient à nier sa liberté de conscience. Il faut lui permettre d’atteindre la maturité avant même d’envisager de telles étiquettes.
En d’autres termes, il faut cesser d’essentialiser l’appartenance religieuse, comme s’il s’agissait d’une caractèristique immuable et inchangeable comme un attribut physique. De plus, les obligations religieuses, cela n’existe pas: une pratique religieuse est soit adoptée librement, auquel cas elle est un choix et non une obligation, soit elle est imposée par une ou plusieurs autres personnes, auquel cas il s’agit d’une coercition inacceptable qui ne doit pas être tolérée. Cette constatation est valable pour tout le monde, y compris les adultes, mais c’est particulièrement pertinent pour les enfants.
Finalement, nous devons affirmer fermement que certaines pratiques religieuses, lorsqu’elles sont imposées aux enfants, constituent tout simplement de la maltraitance infantile. Bien entendu, refuser aux enfants les soins médicaux nécessaires pour des raisons religieuses est un exemple évident. En voici deux autres :
- Imposer à une enfant le port d’un voile pour une période de temps considérable constitue une menace pour sa santé mentale et physique et un obstacle à la socialisation avec d’autres enfants.
- Imposer à un(e) enfant le jeûne durant le jour, lorsque l’enfant a besoin d’alimentation pour bien suivre le programme et participer aux activités scolaires constitue un danger pour sa santé physique et un obstacle à l’apprentissage.
Encore le terme «liberté de conscience», que je remplacerais par «droit de ne pas être endoctriné» ou quelque chose comme ça. Et toujours parce que trop de gens considèrent encore la conscience comme quelque chose de mystérieux ou de surnaturel.
Je ne connais personne qui considère « la conscience comme quelque chose de … surnaturel » à part vous. Le terme « liberté de conscience » ne pose pas problème. C’est votre obsession de la voir comme surnaturelle qui pose problème.
La conscience n’est ni surnaturelle ni religieuse. Comme la morale, elle est le produit de notre évolution biologique et culturelle en tant qu’espèce sociale.
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PRÉCISION : Quand j’écris que je ne connais personne, je veux dire aucun athée. Il peut y avoir des croyants religieux qui pensent que la conscience serait surnaturelle ou d’origine divine, mais de toute façon les croyants ont la ridicule habitude de dire que c’est « Dieu » qui fait tout.