Mme Lanctôt nous désinforme et nous sermonne

David Rand

Date de publication : 2024-08-16

Dans une chronique parue le 9 août 2024, « La police des corps », Aurélie Lanctôt nous livre une dénonciation sans merci des contestataires de la théorie du genre, les fustigeant en les associant à des figures détestées comme Donald Trump. Mme Lanctôt se range solidement du côté de cette théorie et emploie le terme tendancieux « fachosphère » — et même deux fois — afin de conspuer les cibles de son dégoût.

Dans le cas de la boxeuse (ou du boxeur) olympique Imane Khelif, la cible de la critique n’est pas l’athlète mais le Comité International Olympique (CIO) qui refuse de faire des tests de sexe pour s’assurer que seulement des femmes soient admises dans les compétitions féminines. Le CIO a la complaisance de se fier au passeport. Je n’ai évidemment pas accès au dossier médical de cet athlète, mais selon des informations qui circulent sur internet, Khelif serait apparemment intersexué mais erronément assigné fille à sa naissance. Un test de caryotype fait récemment par une autre institution sportive indique que cet athlète serait un homme. Quoiqu’il en soit, le CIO n’aurait qu’à refaire ce genre de test lui-même afin de dissiper tout doute, mais c’est précisément ce qu’il refuse de faire.

Nulle part dans sa diatribe Mme Lanctôt ne reconnaisse la moindre légitimité à remettre en cause les doctrines de son camp. J. K. Rowling, par exemple, est une féministe qui s’inquiète pour l’avenir des espaces réservés aux femmes et du sport féminin mais, selon Mme Lanctôt, Rowling ne serait qu’une sale complotiste misogyne.

Selon Mme Lanctôt, critiquer la théorie du genre revient à du complotisme. Non Madame, cette théorie, que je préfère appeler la pseudoscience butlérienne (en l’honneur — ou plutôt le déshonneur — d’une de ses principales théoriciennes, Judith Butler) n’est pas tant un complot, que plutôt une parareligion. En voici quelques-uns de ses dogmes :

  • Le sexe biologique n’est pas binaire. Au contraire, il est au moins bimodal, peut-être même un continuum fluide, voire une pure construction sociale.
  • Déclarer que le sexe biologique est binaire nuit aux personnes trans.
  • Le sexe est assigné à la naissance.
  • Il est littéralement possible de changer de sexe biologique.
  • Toute personne ou organisation qui conteste l’un ou l’autre de ces dogmes est transphobe, fasciste ou pire.

Toutes ces assertions sont évidemment fausses. De plus, les deux premières se contredisent, car si le sexe était une construction sociale ou fluide, quel serait l’intérêt de changer de sexe ? Mais les croyances autocontradictoires sont courantes dans la pensée religieuse.

La réalité est que le sexe biologique est strictement binaire. Le sexe se constate à la naissance, ou même avant, et les ambiguïtés sont d’une extrême rareté, dans certaines conditions intersexes seulement. Il faut distinguer l’intersexualité du phénomène trans. Il est impossible de changer littéralement de sexe, mais une réassignation sexuelle cosmétique est possible. Finalement, la meilleure aide que l’on puisse donner aux personnes trans — ou intersexes — est de leur expliquer la réalité biologique pour qu’elles puissent faire des choix éclairés.

L’article d’Aurélie Lanctôt est un ramassis de désinformation et constitue une attaque haineuse contre les dissidents et les dissidentes de la théorie du genre. Si l’ex-président Trump déclarait publiquement que 2 + 2 = 4, Mme Lanctôt dénoncerait-elle la vilenie des cours d’arithmétique ?


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