Solidarité internationale avec la laïcité républicaine

Date de publication : 2023-11-04

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Cette déclaration est aussi disponible en anglais.


Nous, soussignés et soussignées, provenant de divers pays, appuyons la laïcité. La laïcité que nous défendons doit comprendre le principe fondamental de séparation entre la religion et l’État. Dans les institutions étatiques, les lois adoptées par les humains doivent avoir préséance sur toute loi censée émaner d’une autorité divine. Ainsi, nous soutenons la laïcité républicaine qui affirme que l’influence religieuse est inacceptable dans les institutions de l’État. Ce dernier ne doit ni imposer, ni persécuter aucune religion.

En particulier, nous soutenons que l’État laïque doit avoir le pouvoir d’interdire à ses fonctionnaires de porter des signes religieux au travail. L’État doit également imposer une interdiction similaire aux enseignants dans les écoles publiques et aux autres personnels scolaires, y compris le personnel des centres de petite enfance (CPE). Les fonctionnaires doivent maintenir une attitude de réserve, s’abstenant d’exprimer leurs convictions religieuses partisanes, tout comme ils doivent s’abstenir d’exprimer leurs convictions politiques ou philosophiques personnelles, lorsqu’ils agissent en tant qu’agents de l’État ou enseignants d’enfants, afin de protéger la liberté de conscience des usagers de la fonction publique, des élèves des écoles publiques et des enfants dans les CPE. Se comporter autrement relève d’un manque de professionnalisme.

Permettre aux fonctionnaires ou au personnel des écoles publiques et des CPE de porter des signes religieux au travail constitue une violation évidente du principe de séparation et représente une approbation implicite par l’État de la religion associée au signe. Cela constitue également un privilège religieux accordé par l’État, permettant au salarié de s’adonner à la publicité et au prosélytisme religieux. Cela permettrait aux intégristes religieux de faire avancer leur programme politique, en imposant leurs pratiques à autrui, qu’ils soient de la même religion ou d’une autre. C’est particulièrement vrai lorsque l’agent de l’État dispose d’une autorité importante, que cette autorité soit coercitive, en tant que juge ou policier, ou morale, en tant qu’éducateur de jeunes enfants.

L’État laïque n’est pas responsable d’accommoder les pratiques religieuses personnelles de ses fonctionnaires. Les devoirs de ces employés doivent prévaloir. Il n’y a aucune raison pour qu’un signe religieux ne puisse pas simplement être retiré pendant les heures de travail si les employés souhaitent porter de tels symboles en dehors des heures de travail. Si les croyants considèrent qu’ils sont obligés de porter un signe religieux, cette obligation est évidemment imposée par les autorités religieuses. Si l’État autorise les fonctionnaires ou le personnel des écoles publiques ou des CPE à porter des signes religieux au travail, l’État capitule ainsi devant ces autorités religieuses autoproclamées. C’est inacceptable pour la séparation religion-État.

Interdire aux fonctionnaires et aux employés des écoles publiques et des CPE de porter des signes religieux dans l’exercice de leurs fonctions n’a aucun effet sur leur liberté de croyance. Seule la liberté de pratique religieuse est affectée, et ce, seulement pendant les heures de travail. En effet, le port d’un signe religieux est une pratique, non pas une croyance.

De plus, si les signes politiques sont interdits mais pas les signes religieux, cela constitue alors un privilège évident accordé à l’expression religieuse par rapport à l’expression politique.

Il est particulièrement inacceptable de permettre aux enseignants de porter des signes religieux ostentatoires lorsqu’ils enseignent, car on tolère ainsi un prosélytisme religieux, passif ou actif, à l’encontre d’enfants vulnérables. Les enseignants sont des éducateurs et des modèles pour les enfants qui sont plus vulnérables à l’endoctrinement que les adultes. Ils sont particulièrement vulnérables si le symbole porté par un enseignant est de la même religion que les parents de l’élève. Le milieu scolaire devrait donc être un refuge pour l’enfant, l’éloignant périodiquement de toute contrainte idéologique imposée au sein de la famille. Les écoles et les garderies — au minimum, celles qui reçoivent des subventions de l’État — ne devraient pas non plus être sous l’emprise des idéologies, religieuses ou autres.

Nous rejetons et dénonçons explicitement l’attitude chauvine et tendancieuse de ceux qui dénigrent ineptement la laïcité telle qu’elle est mise en œuvre en France, le pays où la laïcité a fait le plus de progrès, et que les fanatiques religieux ont ciblé dans leur tentative de faire reculer la laïcité, afin de maintenir et étendre leurs privilèges religieux.

Nous rejetons et dénonçons explicitement l’attitude sectaire de ceux qui vilipendent les Québécois pour avoir soutenu la Loi sur la laïcité de l’État — connue aussi sous le nom « Loi 21 » — qui interdit le port de signes religieux par les fonctionnaires en position d’autorité. En particulier, nous condamnons l’hypocrisie des organisations qui prétendent faussement être laïques tout en s’opposant à la séparation religion-État dans la juridiction même — le Québec — où cette laïcité fait le plus de progrès en Amérique du Nord.


Signataires

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3 commentaires sur “Solidarité internationale avec la laïcité républicaine
  1. Sylvie Provost dit :

    La laïcité inclut le non affichage religieux. Par respect pour les autres.

  2. Frédéric Gagné dit :

    Les religions étant des partis politiques utilisant la spiritualité pour vendre des cartes de membre, il est fondamental pour le bien de la démocratie de séparer les affaires de l’État des affaires religieuses.

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