Déclaration de principes de l’association
Libres penseurs athées
L’athéisme est l’état naturel de l’être humain une fois débarrassé de toutes les supercheries, chimères, religions et spiritualités surnaturelles qui encombraient son esprit jusque-là. L’athéisme favorise notre réconciliation avec notre propre humanité en rejetant l’aliénation des croyances infondées et dangereuses. Malgré sa forme grammaticale négative, l’athéisme est une force positive.
Nous valorisons la raison, la pensée critique, la science, le savoir et l’avancement matériel, intellectuel et moral de l’humanité. La raison et la coopération sont essentielles pour surmonter les défis auxquels est confrontée l’humanité. Nous valorisons ce que nous pouvons ressentir par les sens et que nous pouvons saisir et mesurer dans ce monde naturel. Nous tirons nos conclusions sur la base des meilleures données, et changeons nos conclusions en conséquence au fur et à mesure que de nouvelles données se présentent. Notre éthique et nos valeurs s’appuient sur les faits. L’éthique et la morale évoluent avec le temps à mesure que nous comprenons mieux ce monde ainsi que notre impact sur ce monde.
La science est pour nous le meilleur outil pour rechercher la vérité sur notre monde. Nous tenons le savoir en haute estime, et rien ne nous paraît plus noble que les tentatives de ceux qui essaient de le faire progresser. À l’inverse, nous considérons immorale toute tentative de rapetisser ou de dénigrer le savoir ou la recherche du savoir. Nous sommes partisans de la modernité et misons sur la capacité de l’humanité à développer un monde meilleur fondé sur la raison.
Nous sommes persuadés que la compassion humaine et l’empathie sont cruciales pour l’amélioration de la condition humaine. La vie est précieuse pour tout être vivant car elle est la seule qu’il connaîtra. Toute personne a le droit inaliénable à la vie, à la liberté, à la poursuite du bonheur, et à la liberté de conscience. La liberté de conscience ne comprend pas que la liberté de croyance ; elle inclut aussi le droit de n’avoir aucune religion et la liberté d’incroyance.
Nous rejetons toute pensée magique, toute superstition, toute espérance infantile en un salut que nous apporteraient des dieux ou des esprits provenant d’un illusoire domaine surnaturel. Nous savons que nous, les humains de cette petite planète, devons nous débrouiller par nos propres moyens, aussi modestes soient-ils. Nous avons la responsabilité d’interagir avec compassion avec les êtres vivants afin de préserver le cadre naturel nécessaire à la vie.
Nous détestons l’obscurantisme et l’ignorance qui en résulte. Nous refusons le bâillonnement et la censure. Nous déplorons la duplicité et la crédulité à l’égard des prétentions surnaturelles. Nous rejetons la pensée unique et le dogmatisme, réfractaires au progrès et aux nouvelles connaissances.
Nous sommes matérialistes. Nous sommes monistes, non pas dualistes. Nous ne reconnaissons aucune soi-disant dimension spirituelle séparée de la réalité matérielle. La spiritualité, si ce terme a un sens, n’est qu’un aspect de l’existence matérielle. Il n’existe aucune âme indépendante du corps. L’esprit est, lui aussi, matériel. Nous rejetons toute croyance en un ou plusieurs dieux ou déesses, en des démons ou des anges, en des agents dont les prétendus actes seraient incompatibles avec nos connaissances scientifiques solidement acquises, ou en toute autre lubie surnaturelle. Au fait, le surnaturel est un concept insensé, car si un phénomène dit « surnaturel » était observé, il serait de ce fait naturel, faisant partie de la nature et susceptible d’être étudié par la science.
Nous sommes athées. Nous nous appelons aussi humanistes, libres-penseurs, sceptiques ou laïques, mais nous n’utilisons pas ces étiquettes comme des euphémismes pour masquer lâchement notre athéisme. L’athéisme n’est pas un système de croyances, mais le rejet des systèmes théistes. L’athéisme est le résultat de la pensée critique appliquée rigoureusement aux croyances surnaturelles.
Nous ne sommes pas agnostiques. Nous savons que les croyances surnaturelles découlent de mythologies préscientifiques infondées, héritées de l’antiquité, et que leur fausseté est une certitude hors de tout doute raisonnable.
Nous ne sommes surtout pas déistes. Nous savons que l’hypothèse d’un créateur, même celui qui n’intervient jamais dans le monde après son hypothétique acte de création, est superflue et sans aucune valeur scientifique ou morale.
Nous sommes des êtres moraux et en constante évolution, responsables de nous-mêmes, à l’instar de l’humanité dont nous faisons partie. Nous savons que notre sens moral est inné, un produit de notre évolution biologique et culturelle en tant qu’animaux humains. Nous savons aussi qu’accorder l’autorité morale à un dieu imaginaire nous aliène de notre humanité, hypothèque notre liberté, et nous déresponsabilise. Nous savons que toute autorité religieuse qui se prétend porte-parole d’un dieu chimérique ne fait qu’exploiter la crédulité de ses adeptes.
Nous sommes antithéistes, antidéistes et antireligieux. Nous sommes convaincus que la libre expression des idées est nécessaire. Critiquer les religions est non seulement un droit, mais une nécessité. De toutes les croyances surnaturelles ou paranormales qui infectent la pensée humaine, les divers théismes sont parmi les plus répandues et les plus dangereuses. Nous ne critiquons pas seulement le fondamentalisme ou l’extrémisme. Nous critiquons aussi les tendances religieuses dites « modérées » ou « libérales ». Toutes les croyances surnaturelles sont irrationnelles, qu’elles soient considérées « modérées » ou « intégristes ». Toutes les variantes religieuses ont en commun l’arrogance morale, la nature arbitraire de leurs croyances surnaturelles, et un attachement funeste à l’autorité et à la tradition religieuses aux dépens de la raison.
Nous préconisons la laïcité, c’est-à-dire la complète séparation entre les religions et l’État, et l’expulsion de toute influence religieuse des institutions publiques. Nous sommes prêts à travailler en coalition avec toute autre association, même religieuse, qui partagerait avec nous un but clairement laïque. Mais nous n’édulcorerons pas notre critique antireligieuse pour éviter d’offenser qui que ce soit. Nous respectons la liberté de croyance et d’incroyance, et ce, en prônant des mesures légales qui garantissent cette liberté, mais nous ne sommes pas tenus à respecter la croyance elle-même.
Nous ne sommes pas religieux, et nous n’imiterons pas les religieux. Nous ne nous prétendons pas moralement supérieurs aux croyants. Mais nous ne leur sommes surtout pas inférieurs, car le préjugé religieux qui associe athéisme avec immoralité ou amoralité n’est qu’une fausseté véhiculée, dans leur propre intérêt, par les institutions religieuses et leurs alliés. Nous savons que l’athéisme est bénéfique à l’esprit humain et n’est aucunement nuisible. Contrairement aux intégristes, nous ne cherchons pas à criminaliser tout comportement que nous trouverions moralement douteux. Les théismes sont des idéologies moralement répréhensibles, mais nous ne pouvons ni ne voulons en interdire la pratique — pourvu que cette pratique demeure compatible avec les droits humains fondamentaux et avec les valeurs laïques, y compris la liberté d’expression, l’égalité femmes-hommes et le droit des enfants d’être affranchis d’endoctrinement religieux. Nous ne cherchons qu’à en réduire les méfaits, pour que la pratique religieuse des uns ne puisse piétiner la liberté des autres.
Ce que nous savons surtout, c’est que tout savoir est incomplet et sujet à révision. Si un nouveau phénomène, une nouvelle technologie ou de nouvelles données incompatibles avec notre vision du monde se manifestaient, nous étudierions alors cette même découverte dans un équilibre alliant ouverture d’esprit et scepticisme, et, le cas échéant, nous nous adapterions en conséquence.
Vous êtes invités à Signer le manifeste en ligne.