La lutte contre l’« islamophobie » est un leurre

Réplique au texte « L’islamophobie et le Québec » de Hassan Guillet

David Rand

2023-02-07

Dans son texte « L’islamophobie et le Québec », paru dans La Presse du 6 février 2023, Hassan Guillet appuie la lutte contre la soi-disant « islamophobie ». Le simple fait d’utiliser ce terme tendancieux constitue une grave erreur.

L’expression « islamophobie » véhicule tout un ensemble de faussetés. Premièrement, le suffixe « phobie » implique une peur irrationnelle. Pourtant, avoir peur d’une religion n’est pas nécessairement irrationnel, surtout s’il s’agit d’une variante intégriste de cette religion.

Deuxièmement, beaucoup de gens, y compris M. Guillet lui-même, utilise ce terme pour indiquer une préjugé contre les personnes musulmanes, faisant ainsi un amalgame entre la critique d’une idée (l’islam ou l’islamisme) et le préjugé contre des personnes (des musulmans). Il est important de pouvoir critiquer des dogmes, religieux ou autres, sans se faire accuser de racisme ou de xénophobie.

Troisièmement, ce terme « islamophobie » est véhiculé par des intégristes islamiques justement dans le but d’étouffer toute critique de l’islam ou de l’islamisme, c’est-à-dire, dans le but de faire de cette critique un délit de blasphème. Or, le « blasphème » est un concept moyenâgeux qu’il faut rejeter d’emblée. Il est inacceptable que des dogmes religieux viennent compromettre la liberté d’expression.

Selon M. Guillet, « Nous ne pouvons pas nier l’existence ou le danger de l’islamophobie. » Eh bien, si ! Si ce terme « islamophobie » est devenu courant depuis quelques années, c’est tout simplement parce que nos médias et nos politiciens ont eu la complaisance de se plier lâchement au langage imposé par les islamistes. Nous nous devons de rejeter ce concept, pour le remplacer par la condamnation de toute violence et de tout appel à la violence contre un groupe quelconque.

En tant qu’anglo-québécois, je suis très sensible aux tensions du genre « deux solitudes » entre les deux groupes linguistiques. Je déplore donc l’attitude parfois haineuse que manifestent certains anglophones à l’égard des francophones québécois. M. Guillet fait référence à l’attaque sur la grande mosquée de Québec en 2017 pour justifier ses propos. Pourtant, le geste de Richard Bain, auteur de l’attentat du 2012 lors d’une célébration indépendantiste, était tout aussi ignoble que celui d’Alexandre Bissonnette. Devrions-nous alors établir un poste de lutte contre l’« indépendançophobie » ?

Selon Statistique Canada, les crimes haineux en 2020 ciblant une religion étaient à la baisse et « cette baisse est principalement attribuable au recul du nombre de crimes haineux ciblant la population musulmane ». Alors, pourquoi cette manie pour l’« islamophobie »?

Finalement, M. Guillet parle de la « communauté musulmane ». C’est un concept aussi flou que celui de la « communauté anglophone ». Dans les deux cas, cela n’existe pas, car il y a énormément de variété à l’intérieur de chacune des ces soi-disant « communautés ». Il y a des musulmans intégristes, voire islamistes. Il y a des musulmans moins rigoristes, des musulmans non pratiquants et des musulmans laïques qui appuient la Loi 21. Il y a les ex-musulmans aussi. Comment voulez-vous que nous arrivions à distinguer les musulmans ordinaires des islamistes si vous mettez tous dans le même panier, la même « communauté » ?

Pour conclure, il faut condamner la violence et les appels à la violence contre un groupe quelconque, religieux ou autre, et rejeter l’expression tendancieuse « islamophobie ». Surtout, il faut défendre et étendre la législation laïque, comme la Loi 21, qui a pour effet de freiner toute ingérence religieuse dans les affaires d’État, réduisant ainsi le danger posé par l’intégrisme religieux.

— David Rand, président Libres penseurs athées, www.atheologie.ca