Caroline Fourest,
Le Livre de Poche, 2016
Recension par Pierre Thibault
Caroline Fourest est auteure en plus d’avoir travaillé à la rédaction de Charlie Hebdo. C’est une activiste engagée contre l’islamisation de la gauche et contre le fascisme religieux.
Éloge au blasphème nous plonge aux cœur des attentats de 2015 à Paris et nous offre un point de vue privilégié. Les rédacteurs étaient visés par les tueurs fous qui ont attaqué le journal. Caroline nous raconte ce qui s’est passé avec les médias directement après cet événement.
« Je suis Charlie oui mais », elle nous parle de ces groupes qui, tout en se disant solidaires avec Charlie, se détachent de la véritable idée de la laïcité. Charlie est un journal Athée et on ne peut être véritablement Charlie que si l’on est pour la laïcité — la vraie et non celle que les enfumeurs religieux appellent « laïcité ouverte ».
À la suite de ces événements, la seule chose à faire aurait été de publier les caricatures dites offensantes partout. Ainsi, le risque aurait été divisé entre tous en plus de faire un pied de nez aux tueurs à mitraillettes : les caricatures que vous ne vouliez pas voir sont maintenant partout ! Mais la presse, particulièrement la presse anglophone, ne l’a pas vu ainsi. Elle ne voulait pas offenser le lecteur. Pourtant, cette même presse n’a aucun remord à publier les photos ensanglantées des victimes. Quelle hypocrisie !
Caroline nous parle des différents groupes qui se sont exprimés sur les événements et sur les positions de Charlie. Trop souvent, une minorité ne peut être vue autrement qu’assiégée par la majorité. On ne conçoit pas que la majorité puisse avoir raison, qu’une minorité puisse avoir tort et que de dénoncer les idées ou les abus commis n’est pas une attaque contre la personne. Ainsi, la réaction du pape a été de dire « si un grand ami parle mal de ma mère, il peut s’attendre à un coup de poing, et c’est normal. On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision ! ». Le message est clair : n’hésitez pas à frapper les blasphémateurs car c’est ce qu’ils méritent. On a donc les balles pour l’islam et les coups de poing pour le christianisme.
Caroline nous rappelle aussi que le blasphème est un de nos biens les plus précieux. Sans la liberté de blasphémer, c’est la censure religieuse qui s’impose et la liberté pour ces mêmes religieux de commettre leurs exactions sans peur d’être dénoncés. Le blasphème est donc essentiel au maintien de la démocratie. L’expression des uns est souvent le blasphème des autres. Malheureusement, cette liberté est menacée. Suite aux nombreux événements terroristes qui se sont produits à travers le monde, tout groupe responsable se réunissant pour discuter de sujets pouvant faire allusion à l’islam se doit d’être entouré d’une solide sécurité ou s’autocensurer. La sécurité étant loin d’être gratuite, on comprend que beaucoup éviteront tout simplement le sujet.
J’ai beaucoup aimé ce livre qui offre un point de vue privilégié sur un des événements importants de notre siècle. J’espère qu’après avoir lu ce livre vous direz : « Je suis Charlie ! Mais oui ! ».
Oui, il faut lire Caroline Fourest, laïque, athée, progressiste, féministe (compagne de route des Femen) et concentrant sur sa modeste mais convaincue et convaincante personne la férocité de l’extrême droite française, de l’islamofascisme international et, fait notable, d’une fraction de la gauche islamophile et islamolâtre qui fait mine de réduire l’ensemble de ses engagements résolument progressistes à une diffamante (dixit) islamophobie (redixit).
Comme recensé plus haut, Mme Fourest resitue les « sorties » de Charlie Hebdo dans divers contextes conjucturels (2006, Danemark). Mais elle restitue surtout la caricature anti religieuse dans le mouvement historique de « dévoilement » des oppressions et répressions idéologiques, ce dévoilement et libération qu’on appelle les Lumières.
De là découlent deux de ses chevaux de bataille : 1. la mobilisation contre l’islamofascisme (toutes versions, y compris la plus insidieuse et conquérante, celle patiemment introduie par Tarik Ramadan, qui programment l’abolition de toutes les avancées des Lumières) et 2. la démobilisation (euphémisme pour débandade, sinon trahison voire collaboration – un terme très connoté en France tant il rappelle l’honeux appui au nazisme) d’une importante fraction de la gauche française appuyant l’islamofascisme renommé « héroïque résistance des opprimés – la communauté musulmane – contre l’arrogance occidentale portée par le néo libéralisme planétaire conquérant ».
Il faut donc lire d’urgence ce vigoureux plaidoyer de Caroline, rassembler avec elle les arguments progressistes en faveur de la parole libératrice, se désoler avec elle des trahisons de la gauche autoproclamée (survivants de l’archéo marxisme Badiou-Balibar, les hérauts de la gauche de la gauche Morin, Todd, NPA, Mélenchon, Bedos, etc qui la diffament plutôt que de dénoncer à ses côtés le tsunami religieux) et se remobiliser pour la laïcité et la parole impertinente.
Pour mieux apprécier le combat de C. Fourest, on tirera bénéfice à visionner ses fermes réfutations de ses divers adversaires, à commencer par le Tartuffe T. Ramadan à qui elle a consacré une ravageuse « analyse de parole » fondamentaliste : « Frère Tarik », ou face à ses détracteurs de la pseudo gauche.
Il suffit de « googler » Fourest ONPC et autres tribunes médiatiques : une riche moisson en perspective.
En attendant que les événements à venir aggravent ses inquiétudes (de nouveaux attentats islamofascistes, de nouvelles contrées tombant aux mains du califat, de nouveaux reculs peureux de l’audace, etc) ou lui redonnent au contraire confiance (que certaines fractions de la gauche qui la décrient encore se ressaisissent enfin et reprennent le flambeau des Lumières, de la laïcité, du féminisme, de la Raison et de la désaliénation et de l’esprit de blasphème).
Être réaliste face à l’assombrissement du futur ne doit pas empêcher de rêver d’un avenir débarrassé de l’hydre religieuse.
Tu t’attaque,vise a une persone et non au probleme poser
Bel article l’ami,
« Le blasphème essentiel au maintien de la démocratie »… cette phrase devrait être à jamais gravée dans le marbre ou dans une autre matière moins friable, genre article constitutionnel. J’aime Caroline Fourest, je l’aime sincèrement et mon plus grand « kiff » serait qu’on puisse les dupliquer, elle et ses convictions, à des milliers d’exemplaires. J’ai bien conscience qu’il y a dans le monde bien plus d’anti-Caroline Fourest que de pros mais je crois aussi que le temps éteindra petit à petit tous ces incendies meurtriers. Pour que ça ne prenne pas mille ans, mobilisons-nous sans relâche.
Je t’aime Caroline, CAROLINE POWER !!!
Tout à fait . Et puisque le blasphème est sacralisé je suis pour la liberté de blasphémer le blasphème .
La religion chez elle , c.à.d. dans les églises . Oui mais en menant leurs actions dans les églises , les femen sont-elles encore dans la laïcité ? Où se situe alors la liberté d’exercer son culte ?
Pourquoi ne se manifestent-elles pas dans les mosquées et synagogues ?