David Rand
2021-12-28
Si l’on consulte le texte de la Loi 21 (dont le titre officiel est Loi sur la laïcité de l’État) on constate que l’interdiction du port des signes religieux s’applique à toutes les religions et que les interdictions sur les signes religieux et les couvre-visage s’appliquent à tous et à toutes, aux femmes comme aux hommes. Ainsi, la réponse évidente à la question posée dans le titre de ce blogue est que NON, la Loi 21 ne discrimine certainement pas.
Alors pourquoi les opposants à la loi ne cessent-ils de la dénoncer comme discriminatoire ? Est-ce qu’ils mentent ? Oui, ils mentent, mais il se passe encore autre chose ici. C’est que les opposants à la Loi 21 ont généralement une attitude très particulière à l’égard de la religion et de la liberté religieuse.
Nous qui appuyons la Loi 21 nous entendons pour dire que les croyances religieuses sont sur un pied d’égalité avec toute autre opinion, conviction ou idéologie, comme les opinions politiques. Ainsi, la liberté de religion est mise sur un pied d’égalité avec d’autres libertés telles que la liberté de s’affranchir de la religion, la liberté d’opinion politique, etc. Cela signifie qu’il est parfaitement raisonnable d’exiger d’un fonctionnaire ou d’un enseignant qu’il ou elle fasse preuve de discrétion au travail, afin d’éviter toute expression explicite d’opinion politique ou religieuse.
Par contre, les opposants à la loi placent la liberté de religion au-dessus des autres libertés. Cela ressort clairement de leur obsession pour la liberté d’expression religieuse des employés de l’État, tout en se moquant apparemment de la liberté de conscience (qui inclut à la fois la liberté de et de s’affranchir de la religion) des usagers de la fonction publique et des écoliers.
Pensez à la situation dans les écoles. C’est la liberté de conscience des enfants qui compte et doit primer en cas de conflit avec les libertés d’autrui, évidemment. Le but de l’école, c’est l’éducation des enfants, et non l’emploi des enseignants. De plus, la restriction imposée aux enseignants n’affecte que leur liberté de pratique religieuse et non leur liberté de croyance. De plus, cette restriction est petite et raisonnable, ne s’imposant que pendant les heures de travail.
Ce privilège accordé à la pratique religieuse a des conséquences sérieuses. Si l’on place la liberté de religion au-dessus des autres libertés, cela revient à placer des « obligations » ou des lois » religieuses au-dessus des lois non religieuses adoptées démocratiquement par des êtres humains. (Bien sûr, les lois » religieuses sont également adoptées par les êtres humains, mais de manière non démocratique par une petite minorité d’autorités religieuses, dont beaucoup, bien que pas toutes, sont mortes depuis des siècles, et qui prétendent avec arrogance parler au nom d’une divinité.) Cette habitude est connue sous le nom d’« accommodement raisonnable » et ceux qui la soutiennent sont les accommodationnistes. Bien sûr, il n’y a rien de raisonnable là-dedans. Accorder la priorité à la « loi » religieuse sur la loi du pays est l’antithèse même de la laïcité et un attribut de la théocratie. La laïcité et la théocratie sont aux antipodes.
Les religions ont généralement tendance à discriminer les femmes. En particulier, les monothéismes abrahamiques — le judaïsme, le christianisme et l’islam — sont très misogynes et l’islam en particulier est extrêmement misogyne. Le port du voile islamique, que certains musulmans (mais seulement les plus intégristes et pieux, voire radicaux) imposent aux femmes musulmanes, est un outil de ségrégation sexuelle et un symbole de l’asservissement des femmes. Les religions ont également une forte tendance à se discriminer entre elles, adoptant souvent des pratiques dans le seul but de se délimiter ou même de se séparer des autres (comme des règles alimentaires, des codes vestimentaires, des horaires spéciaux, des conceptions différentes du sacré, etc.)
Les accommodationnistes soutiennent que ces diverses pratiques et tabous religieux doivent être accommodés. Les religions discriminent les femmes et se discriminent mutuellement et donc, selon les accommodationnistes, l’État doit emboîter le pas, en traitant les femmes différemment des hommes (leur permettant de porter le voile islamique par exemple) et en traitant différemment les adeptes de différentes religions en permettant à chaque groupe de porter ses propres symboles.
Le Canada est une théocratie douce. Le soi-disant « accommodement raisonnable » y est une obligation d’État qui se codifie dans des législations comme la Loi sur le multiculturalisme canadien. Le terme multiculturalisme » est un bel euphémisme qui masque en réalité une politique de relativisme culturel et s’apparente aux tribalismes du passé.
Ainsi, même si la Loi 21 traite toutes les religions et toutes les personnes sur un pied d’égalité, les accommodationnistes la détestent pour cette raison même, car elle ne discrimine pas là où, à leur avis, elle devrait le faire. C’est ce qu’ils veulent dire lorsqu’ils accusent la Loi 21 d’être discriminatoire : cette Loi n’accorde pas de privilège là où ils pensent qu’elle le devrait afin d’accommoder les pratiques religieuses.
La permission du port de signes religieux par les fonctionnaires au travail represente un privilège indu accordé aux religions, c’est-à-dire, un accommodement pas du tout raisonnable, un accommodement religieux que les opposants à la Loi 21 veulent absolument préserver.
Le problème est que la société québécoise n’est pas laïque malgré le discours officiel.
Elle se veut humaniste comme toutes les démocraties du monde. Certains concepts de l’humanisme sont dérivés de croyances religieuses tel que : aider sont prochain, le libre arbitre, le bien et le mal, le droit à touts les types de libertés, etc… On continu à demander
à un criminel s’il REGRETTE ses actes lorsqu’il fait une demande de libération conditionnel. Les juges émettent des commentaires d’ordre morale envers les accusés.
Le peuple jugent les gens selon qu’ils sont « bon » ou « méchant » et non sur leur état mental. Plusieurs entreprises et institutions gouvernementale participent au concept de « charité » en laissant des organismes comme Centraide utiliser certains de leurs employés pour organiser des activités dans l’entreprise pour recueillir des fonds. Les décisions prises par les gouvernements reposent donc sur ces croyances sociales archaïque . Donc les gouvernements n’agissent pas, ne gouvernent pas de peur d’offenser ses électeurs en froissant leurs croyances. Ce qui explique pourquoi les gouvernements ne veulent pas agir trop fortement avec les groupes religieux car il reste énormément de ce type de croyances dans l’imaginaire collectif. Il ne faut pas oublier qu’il y a à peine 60 ans l’ église catholique était encore très présente au Québec. Le gouvernements continu à faire l’apologie de la stupidité en traitant avec respect les représentants des religions et permettent à ces institutions d’êtres exemptés de charges sociales. Dans une vraie société laïque les religions seraient interdites, relégués aux rang de croyances primitives et cela se refléterait dans son fonctionnement. Malheureusement nous n’en sommes pas encore là et comme cela se présente ce ne sera pas pour demain car nos sociétés régressent. En ayant comme unique but la production , l’immigration venant de sociétés plus primitives va se poursuivre et comme le citoyen lambda ne recherche que le divertissement l’avenir est sombre !!
Mmmh… Je ne crois pas que l’idée de « bien et de mal », l’idée « d’aider son prochain », etc. soient dérivées de croyances religieuses. Personnellement, je crois plutôt que les « Croyances religieuses » les ont détournées à leur avantage de leur origine purement humaine. J’irais plus loin encore: l’empathie, tout comme la plupart des sentiments – y compris la colère – sont purement d’origine humaine. Serions-nous capables d’éprouver quoi que ce soit si nous étions vraiment croyants ? La vraie foi, la foi totale, celle qui fait voir la souffrance comme une porte vers le » Paradis « , est-elle même supportable à tout esprit humain ? Je n’y crois pas. Même les extrémistes religieux me paraissent se comporter comme des athées (inconsciemment, évidemment) – avec leurs colères, leurs frustrations et leur sublimation de ces frustrations.
Ce que j’ai dis c’est que l’humanisme a repris certains concepts religieux !
Je pense qu’à la base l’espèce humaine est surtout poussé par son instinct de survies comme tout les autres animaux.
Les religions au fil de leurs évolutions ont voulu contrôler le comportement des hommes
avec des notions de « bonnes » et de « mauvaises » émotions ce qui a engendré le concept de « culpabilité ». Je ne pense pas qu’un homme des cavernes se sentait « coupable » de ne pas avoir partagé sa nourriture avec un congénère ou d’en avoir volé !
Lorsque les croyances religieuses reconnaissaient comme « bien » le sacrifice humain, aucun homme ne devait ressentir de « culpabilité » ! L’humanisme qui prédomine dans le monde occidental est un concept qui porte encore des jugements d’ordre moral sur les comportements humains ! Il n’y a ni « bien » ni « mal » mais seulement des comportements qui sont le résultat de la bio-chimie de l’espèce humaine !
Je ne suis pas du tout d’accord. Les religions n’ont pas inventé le bien ou le mal. Elles n’ont pas inventé les émotions comme la culpabilité. Elles n’ont pas inventé la morale.
La morale et les émotions qui y sont associées sont le résultat de notre évolution biologique et culturelle.
Les religions n’ont pas inventé la morale. Elles se la sont arrogée et l’ont pervertie.
Je suis surpris ! Vous dites « Les religions n’ont pas inventé le bien ou le mal » !
Alors d’où cette conception vient-elle ?? Vous croyez vraiment qu’un code moral qui jugent des comportements
humains est le résultat d’une l’évolution biologique ?? Que ce soit culturelle je vous l’accorde car les croyances religieuses influences tout dans une société !
Dans l’histoire de l’humanité ce code morale a beaucoup fluctué et la culpabilité de l’être
humain a suivi. Par exemple, le fait d’être homosexuel il y a 50 ans ou de se faire avorter
faisait sentir les gens coupables alors qu’ aujourd’hui ce n’est plus le cas. Ça n’a rien à voir avec une évolution biologique ! Évoluer biologiquement au niveau morale impliquerait que l’être humain possédait un code morale à l’origine dans sa programmation biologique ?? J’espère grandement que ce n’est pas ce que vous croyez ! La culpabilité est le nom donné à une émotion que l’être humain a été conditionné à ressentir lorsqu’il contrevient à une CROYANCE qu’on lui a inculqué dans son enfance lors de la formation de sa personnalité ! C’est simplement la peur d’être puni et/ou d’être rejeté , de sa tribu, de son groupe etc…
Non, je n’ai pas dit « que l’être humain possédait un code morale à l’origine dans sa programmation biologique ».
Je dis le contraire: les codes moraux sont les résultats de notre évolution en tant qu’espèce sociale. Pour vivre en société, certaines règles de conduite se sont développées.
D’ailleurs, qu’est-ce cela veut dire « à l’origine » ? À l’origine de quoi ?
Je vous cite : « La morale et les émotions qui y sont associées sont le résultat de notre évolution biologique et culturelle »
Pour qu’il y ait une évolution biologique de la morale cela implique que la morale faisait déjà parti de l’espèce humaine dès le début !
Maintenant vous dites « les codes moraux sont les résultats de notre évolution en tant qu’espèce sociale ». Si vous parlez « d’évolution sociale basé sur les interactions entre individus » ce qui n’ est vraiment plus le même discours , c’est beaucoup plus logique !
Mais cette évolution sociale a toujours été porté par les croyances religieuses !
Pour la question que vous soulevez : « D’ailleurs, qu’est-ce cela veut dire « à l’origine » ? À l’origine de quoi ? »
Euh…à l’origine veut dire au début de l’être humain, lorsque l’être humain n’était qu’un organisme unicellulaire et se transforme en bipède avant qu’une interprétation du monde qui l’entoure se transforme en prémisse de la croyance en quelque chose !!!
Vous écrivez « Pour qu’il y ait une évolution biologique de la morale cela implique que la morale faisait déjà parti de l’espèce humaine dès le début ! »
Non, cette morale n’était PAS là dès le début. Elle s’est développée avec l’évolution.
De toute évidence, vous ne comprenez même pas le sens du mot « évolution. »
De plus, cette évolution sociale n’a PAS été porté que par les croyances religieuses.
Je suis tout à fait d’accord avec David Rand quant à l’origine humaine de la morale, sans recours à une référence religieuse. Je me permets, à ce sujet, de citer un extrait de mon livre « La vie… quel mode d’emploi ? L’objectivité de la réalité, de la vérité, du bien et du mal. » Je m’excuse à l’avance pour la longueur de la citation.
« D’où vient la capacité humaine de concevoir des théories morales ?
Au cours de l’évolution des espèces animales, le processus d’hominisation s’est accompagné d’une perte d’importance des instincts pour guider les comportements, au profit d’une utilisation accrue des capacités intellectuelles. Quant aux notions du bien et du mal, ce sont des abstractions cognitives qui s’enracinent dans la réalité concrète de nos expériences de vie. En effet, à partir de nos sensations de plaisir et de douleur, nous sommes en mesure d’identifier et de nous représenter mentalement ce qui nous « fait du bien » et ce qui nous « fait mal ». Voilà un premier niveau de représentation abstraite du bien et du mal.
Déjà, dans l’Antiquité, Aristote avait constaté un lien entre les sensations et la vie morale : les sensations agréables pouvant mener à la pratique de la vertu :
« Aussi, est-ce par le plaisir et la peine que l’on conduit l’éducation de la jeunesse, comme à l’aide d’un puissant gouvernail; et ce qu’il y a de plus essentiel pour la vertu morale, c’est d’aimer ce qu’il faut aimer et haïr ce que l’on doit haïr. Ces influences persistent durant toute la vie; et elles ont un grand poids et une grande importance pour la vertu et le bonheur, puisque toujours l’homme recherche les choses qui lui plaisent et qu’il fuit les choses pénibles. » [Aristote, 1992 (-334 ou -330), Éthique à Nicomaque, p. 393-394.]
Non seulement nous possédons la capacité de ressentir nos propres perceptions, mais nous pouvons également nous représenter, en termes de bien ou de mal, les sensations, les émotions et les comportements d’autrui. Pour Lazare Benaroyo, médecin-chef de l’unité d’éthique du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), professeur d’éthique et de philosophie de la médecine à la Faculté de biologie et de médecine (FBM) de l’université de Lausanne, voilà un second niveau d’abstraction qu’il qualifie de « registre socio-anthropologique » avant d’ajouter :
« Il s’agit du niveau de la sensation, du plaisir et de la douleur « transformées » en expérience morale. La capacité cognitive de l’homme lui permet par le biais de la mémoire et de l’imagination de projeter le passé sur l’avenir ainsi que ses expériences sur le corps d’autres individus. » [Lazare Benaroyo, 2007, « Éthique et synergie interdisciplinaire », dans Christine Clavien, Catherine El-Bez, éditrices, Morale et évolution biologique : entre déterminisme et liberté, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, p. 268.]
Non seulement les capacités de représentation temporelle et empathique, sont communes aux individus, mais leur contenu peut faire l’objet de consensus dans des échanges interpersonnels au sein d’une même société. Elles acquièrent alors un troisième degré d’abstraction. Il s’agit, selon le professeur d’éthique Lazare Benaroyo, d’une dimension culturelle et sociale à l’œuvre dans la « transformation » des expériences de plaisir et de douleur en expériences morales :
« C’est à ce niveau qu’apparaît l’idée du bien et du mal telle qu’elle peut être partagée dans un contexte culturel donné. À partir des diverses expériences culturelles du plaisir et de la douleur apparaissent différents systèmes de normes propres à chaque société et à chaque tradition, qui sont autant de manières de nous représenter l’expérience du bien et du mal. » [Lazare Benaroyo, 2007, p. 268.]
Quatrièmement, nos capacités de conceptualiser le bien et le mal vont encore au-delà de l’empathie et de l’obtention d’une conception partagée. En tant qu’êtres humains, nous sommes capables de nous en représenter les conséquences comportementales avantageuses. Ayant mutuellement intérêt à nous protéger d’une action d’autrui qui nous blesserait ou nous causerait du tort, le consensus établi nous engage à rechercher une réciprocité minimale : « Je ne te fais pas mal et je m’attends à ce que tu ne me fasses pas mal. » Finalement, à partir de cette réciprocité interpersonnelle, l’esprit humain peut généraliser encore davantage et espérer une reconnaissance universelle pour une conception du bien et du mal, et pour des règles de conduite qui en découlent. «