David Rand
2021-03-01
Un orage se déchaîne actuellement en France : une furieuse controverse autour du terme « islamogauchisme ». Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur a déclaré le 14 février 2021 (sur la chaine CNews) que l’islamogauchisme « gangrène la société dans son ensemble et l’université n’est pas imperméable ». Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, a donné son appui à sa collègue Vidal, déclarant que le mot islamogauchisme « décrit une réalité politique ». En octobre 2020, ce même Blanquer avait dénoncé « les ravages de l’islamogauchisme » à l’université.
Un récent sondage indique que quelque 66 % des Français sondés approuveraient les propos de la ministre Vidal, tandis que 69 % sont d’avis qu’il existe effectivement chez les gens de gauche une complaisance à l’égard de l’islamisme.
Le terme « islamogauchisme » fut inventé en 2002 par l’historien des idées Pierre-André Taguieff qui le définit ainsi :
J’ai forgé l’expression « islamo-gauchisme » au début des années 2000 pour désigner une alliance militante de fait entre des milieux islamistes et des milieux d’extrême gauche (que je qualifie de « gauchistes »), au nom de la cause palestinienne, érigée en nouvelle grande cause révolutionnaire à vocation universelle.
Entretien avec Pierre-André Taguieff, première partie : qu’est-ce que l’islamo-gauchisme ?
Quel est le présupposé idéologique qui fait le lien entre islamistes et des gauchistes ? Taguieff explique :
La thèse selon laquelle l’islamophobie constitue la principale forme de racisme et celle selon laquelle l’antiracisme dit « politique » est le combat des combats. Il s’ensuit que l’ennemi commun est caractérisable soit comme « raciste », soit comme « islamophobe ». À l’extrême gauche, cet antiracisme islamisé tend à remplacer le vieil antifascisme communiste. On peut voir dans ces attitudes et ces comportements le résultat de la stratégie des Frères musulmans qui jouent sur la culpabilisation et le victimisme pour conquérir l’opinion occidentale. Bref, l’Occident « mécréant-islamophobe » (pour les islamistes) ou « capitaliste-raciste » (pour les gauchistes) est toujours le seul coupable.
Selon le philosophe français Pierre-Henri Tavoillot, le concept d’islamogauchisme se reconnaît par trois idées-clefs :
- L’islam est la « religion des opprimés ». Ainsi, les musulmans remplacent le prolétariat européen devenu trop conservateur.
- Il faut importer un prolétariat actif et révolutionnaire. D’où l’appui à l’ouverture des frontières et à l’immigration sans frein, afin de détruire le capitalisme.
- L’islamisme n’est qu’une réaction de défense légitime face à l’impérialisme occidental et son hypocrite « idéologie des droits de l’homme ».
Finalement, voici ma définition : L’islamogauchisme est une forme dégénérée de la gauche politique dans laquelle la priorité que la gauche accordait traditionnellement aux questions de classe est désormais remplacée par la défense des minorités, en particulier des musulmans, comme si ceux-ci constituaient la nouvelle classe ouvrière (comme dans l’idéologie marxiste) ou le nouveau peuple élu (comme dans la mythologie abrahamique). Les islamogauchistes adoptent une attitude de complaisance à l’égard de l’islam politique, c’est-à-dire qu’ils sous-estiment le danger qu’il représente. Les islamogauchistes affichent également une attitude de respect, d’admiration ou de soumission à l’islam ou même à l’islamisme, mais pas en tant que croyant; plutôt en tant que non-musulmans qui s’opposent à une critique franche de l’islam — tout en autorisant hypocritement une telle critique d’autres religions — et qui ont tendance à calomnier quiconque critique l’islam, généralement en les accusant d’« islamophobie ». En outre, leur préoccupation pour les musulmans a tendance à être fortement biaisée vers les musulmans les plus visibles, pieux ou intégristes tout en ignorant les musulmans plus modérés ou laïques.
Exemple d’islamogauchisme profond,
y compris la négation de son existence, et
bien sûr, l’accusation d’« islamophobie ».
Évidemment, les islamogauchistes eux-mêmes s’acharnent à nier l’existence même du phénomène. Mais il est évident pour tout personne de bonne foi qui s’informe un tant soi peu que l’islamogauchisme est bel et bien une réalité. Nous observons sa présence — et ses ravages — un peu partout. D’ailleurs c’est à cause de l’islamogauchisme prononcé de la Féderation Nationale de la Libre Pensée (FNLP) que nous, Libres penseurs athées, avons décidé de mettre fin à notre affiliation avec l’Association Internationale de Libre Pensée (AILP), une coalition fondée par la FNLP et dont les orientations suivent celles de la FNLP. Le texte Pour débattre rationnellement de l’Islam de Christian Eyschen de la FNLP est un exemple évident d’islamogauchisme, d’une malhonnêteté intellectuelle remarquable.
L’islamogauchisme est un aspect majeur de cette idéologie anti-Lumières et pseudo-gauchiste que l’on appelle couramment la « gauche régressive » ou les « woke ». En passant, il ne faut pas oublier que l’islamogauchisme n’est plus réellement de gauche car, tel que je l’explique dans mon texte Les « Woke » ne sont pas de gauche, un mouvement qui abandonne les valeurs des Lumières n’est plus de gauche.
Au fait, nous voyons l’influence de cette nuisible tendance politique dans tout mouvement qui se prétend de gauche mais affiche une complaisance exagérée pour l’islamisme, et son influence déteint même sur le centre ou le centre-droite politiques (comme les partis Libéraux du Canada et du Québec).
L’histoire de l’islamogauchisme remonte au moins à la révolution iranienne de 1979 (et possiblement bien plus loin), lorsque plusieurs gauchistes ont accordé leur appui à l’ayatollah Khomeyni dans l’espoir qu’il représente la permière étape d’une révolution anti-impérialiste, un peu comme Kerenski en Russie en 1917. Mais les islamistes se sont approprié la révolution, réprimant et massacrant les communistes qui se croyaient leurs alliés.
Les origines de l’islamogauchisme sont liées à celles de la philosophie postmoderne. Le philosophe Michel Foucault, par exemple, est une icône du postmodernisme et a accueilli la révolution iranienne avec enthousiasme, bien que mitigé. L’islamogauchisme et la philosophie postmoderne ont en commun une forte tendance au relativisme culturel.
Un des textes importants de l’islamogauchisme, « Le prophète et le prolétariat », du Trotskyste anglais Chris Harman, explique l’essentiel du programme de cette tendance :
Sur certaines questions nous serons du même côté que les islamistes contre l’impérialisme et contre l’Etat. C’était le cas, par exemple, dans un grand nombre de pays lors de la seconde guerre du Golfe. Ce devrait être le cas dans des pays comme la France ou la Grande Bretagne lorsqu’il s’agit de combattre le racisme. Là où les islamistes sont dans l’opposition, notre règle de conduite doit être : « avec les islamistes parfois, avec l’Etat jamais ».
Mais même dans ce cas, nous divergeons des islamistes sur des questions fondamentales. Nous sommes pour le droit de critiquer la religion comme nous défendons le droit de la pratiquer. Nous défendons le droit de ne pas porter le foulard comme nous défendons le droit des jeunes filles dans les pays racistes comme la France de le porter si elles le désirent. […]
Par le passé, la gauche a commis deux erreurs face aux islamistes. La première a été de les considérer comme des fascistes, avec lesquels rien de commun n’était possible. La seconde a été de les considérer comme des « progressistes » qu’il ne fallait pas critiquer.
Constatons dans le discours de Harman une opposition absolue à l’État, même si cet État est menacé par les islamistes. Les islamistes ne sont pas des fascistes, dit-il ! Au contraire, je dirais que, sur l’axe gauche-droite politique, l’islamisme se trouve à la droite du fascisme tel qu’il s’est manifesté dans de nombreux pays au courant du XXe siècle, y compris le nazisme. Imaginons un scénario dans l’Allemagne des années 1920 où la gauche anticapitaliste s’allierait avec les chemises brunes nazies afin de s’opposer à l’État de la république de Weimar ! Au fait, la réalité n’a pas été si loin de ce scénario hypothétique : en effet, vers la fin des années 1920 et début des années 1930, le Parti communiste allemand (KPD), suivant les directives de Staline, a adopté l’attitude que les vrais fascistes étaient le Parti social-démocrate (SPD) que le KPD traitait de « socio-fasciste » et considérait pire que les nazis ! Ainsi, le KPD et leur aile paramilitaire Antifaschistische Aktion — dont les mouvements Antifa modernes s’inspirent — ont dirigé leurs actions anti-fascistes plutôt contre le SPD et indirectement contribué à l’essor des nazis.
Constatons aussi que Harman fait un glissement dangereux entre religion et race lorsqu’il parle du foulard. D’ailleurs, Harman s’oppose apparemment à toute interdiction du port de signes religieux (islamiques, du moins) et associe ce genre d’interdiction au « racisme ». Remarquons également que Harman se déclare « pour le droit de critiquer la religion » mais que dans les faits, les islamogauchistes sont très frileux devant toute franche critique de l’islam. D’ailleurs, ses allusions au racisme et au « droit » de porter le foulard sont des indices de cette frilosité.
Pour résumer, l’islamogauchisme est une idéologie et un courant de pensée qui participe à la dégénérescence de la gauche politique depuis plusieurs décennies, une dégénérescence qui s’est accélérée après la chute de l’Union Soviétique en 1989 et l’essoufflement du rêve d’une révolution anticapitaliste prolétarienne. Il fait partie de ce mélange toxique d’idéologies qui, comme Frédérique Vidal l’a si bien dit — et n’en déplaise aux islamogauchistes eux-mêmes —, « gangrène » nos sociétés car il nous éloigne des valeurs libératrices des Lumières, et pas seulement en France. Son influence néfaste est bien présente au Canada, aux États-Unis, en Grande-Bretagne et dans plusieurs autres pays.
À consulter :
- Abnousse Shalmani t’explique l’islamogauchisme de manière hyper claire
- « Islamogauchisme, la trahison du rêve européen », un film d’Yves AZEROUAL
Excellent article! J’ai appris beaucoup de choses, merci.
Une petite coquille : à la fin du paragraphe qui commence par « l’histoire de l’islamogauchisme », remplacer le « que » par « qui ».
Voici un texte qui devrait faire réfléchir les islamo-staliniens de Québec solidaire. Ce texte fut écrit en 1929 dans le Nationalsozialist par un journaliste nazie. Il se moquait de la théorie du soicial-facisme:
« Mais ce qui est plus comique et grotesque que toutes les injures est […] l’hommage tout a fait injustifié fait aux social-démocrates désignés comme fascistes. Présenter la masse petite- bourgeoise de la Deuxième Internationale, la bande juive, les ennemis mortels du facisme italien, comme fascistes , il faut pour cela une gymnastique cérébrale et morale peu ordinaire. […] Mais patience! Communistes et social-démocrates, autrement dit les marxistes de toutes nuances, auront bientôt l’occasion d’apprendre ce que signifie le facisme. »
Cité dans Ossip K Flechtheim
Le Parti communiste Allemanmd sous la république de Weimar
Édition François Maspéro, 1972, p. 206
On connait les conséquences de cette politique en Allemagne, douze ans de pouvoir nazie. L’histoire se répète aujourd’hui avec les islamo-staliniens de Québec solidaire lesquels s’allient avec les Islamistes contre la laïcité et renient « les valeurs libératrices des Lumières ». Lesquelles valeurs furent reprises par les fondateurs du socialisme scientifique, Marx et Engels.
Partagé sur Twitter. Excellent!
L’islamo-gauchisme utilise le même procédé que le sionisme d’avant et d’après-guerre. Les juifs ont commencé a envahir la Palestine par petits contingents avant la deuxième guerre mondiale. Les arabes heureux de leur vendre leurs maisons et leurs terres trois fois le prix qu’ils valaient, ont contribuer à la colonisation sioniste de leur pays pour de l’argent comme le font les mondialistes d’aujourd’hui avec les africains et les musulmans en terre occidentales pour baisser les salaires. Après la guerre, les sionistes ont utilisé la culpabilité pour faire reconnaitre leur nouveau pays: Israël. Il était devenu alors impossible de dire et même de penser que les juifs envahissaient la Palestine et allaient remplacer la population arabe qui était majoritaire à ce moment là. Ce fut le grand remplacement et les palestiniens ont perdu leur pays.
Quand on lit la Bible, on constate que les juifs sont en Palestine depuis plus de 2000 ans. Le nom Palestine a été donné à la région par l’empereur Romain Hadrien en 132 après JC. A cette époque nulle trace d’Islam et encore moins de « Palestiniens » au sens d’aujourd’hui. On peut en discuter longtemps, mais on ne peut nier les faits.