Jean-Paul Lahaie
2018-04-10
Il a été récemment proposé par un conseiller municipal de la Ville de Montréal de permettre le port de signes religieux, en particulier le turban sikh et le hijab islamique, par les policiers et les policières de la Ville. Les premiers ministres du Canada et du Québec, ainsi que la mairesse de Montréal, se sont tous montrés ouverts ou même favorables à cette idée. Mais la population, elle, est loin d’être d’accord. Dans ce blogue, Jean-Paul Lahaie fait le point.
Ça ne passera pas comme une lettre à la poste. Les accommodements religieux vont atteindre le mur de l’absurdité. Si le monde anglo-saxon s’accommode de ce type de multiculturalisme, les Québécois vont quand même grincer des dents, car le consensus minimum dans la société va bien au-delà d’une pure interdiction des signes religieux dans des postes comme les juges, policiers et gardiens de prison.
Le fond du problème…
Concernant le cas particulier des policiers, un accommodement religieux du type demandé pose un problème très particulier au niveau de la loi de la santé-sécurité du travail ainsi que des relations de travail que cela peut engendrer. Soyons pragmatique. Le travail de policier comporte certaines contraintes légales concernant le droit de refus (Loi 17, concernant le droit de refuser d’effectuer un travail considéré dangereux pour le travailleur). Un policier, dans ses fonctions, ne peut pas refuser d’arrêter un voleur armé sous prétexte qu’il peut recevoir une balle et mettre sa vie en danger. Cette restriction s’applique aux pompiers également. Par contre, l’employeur doit obligatoirement fournir aux policiers les équipements de protection personnel requis pour le travail qu’ils doivent effectuer. J’imagine le dilemme qu’un employeur va vivre s’il doit fournir un masque à gaz et un casque de protection anti-émeute à nos barbus et « enturbanés » patentés ! L’utilisation sécuritaire et efficace d’un masque à gaz nécessite d’avoir le visage imberbe pour empêcher les fuites de cet équipement très particulier. Imaginez le chef du NPD avec un casque anti-émeute et son turban en dessous ! Déplorable… On pourrait continuer comme cela avec d’autres fantaisies religieuses comme le hijab, etc.
Les relations de travail et l’employeur SPVM
Vous imaginez les imbroglios et injustices que vont causer cet état de fait parmi les policiers quand les appartenances religieuses vont empêcher ces handicapés du travail d’accomplir leur travail régulier parce que l’employeur ne peut pas leur fournir l’équipement adapté à leur condition ? Vous imaginez ce qu’il se passera quand les policiers sans appartenance religieuse visible vont devoir se taper ce travail difficile (escouade tactique) et que d’autres confrères et consœurs avec contrainte religieuse absurde se la couleront bien peinard à la cafétéria en sirotant leur café ? Autre situation plausible : notre « barbu » ou notre « enfoulardé », à cause de l’inefficacité de l’équipement fourni, causé par sa condition religieuse, déclare un « accident de travail » à la suite d’un événement impliquant l’usage inadéquat du vêtement de protection personnel. Qui va payer pour l’arrêt de travail, le salaire, les atteintes à la santé, le remplacement du policier accidenté, etc. ??? On envoie le compte à la mosquée du coin ? À dieu peut-être ? La CSST va-t-elle payer ? l’employeur va-t-il contester ? L’employeur va-t-il payer le développement d’un équipement adapté ?
Le travail d’intervention du policier
Dans un contexte où un policier doit intervenir dans une société où plusieurs religions sont en présence, l’obligation d’apparence de neutralité est essentiel pour l’accomplissement de sa tâche de gardien de la paix. Si j’ai un problème avec mon voisin musulman, je ne veux pas voir arriver un panneau réclame de l’islam radical pour régler mon problème de clôture. Je pourrais penser qu’il sera tenté de pencher pour les doléances de mon voisin… L’apparence de neutralité religieuse est essentiel pour garder la paix sociale. À quel garanti de traitement équitable dois-je m’attendre si un policier islamiste intervient dans une chicane de ménage où une femme est battue par son mari ? Va-t-il appliquer son coran ou la loi québecoise ?
Bizarrement, lors du dernier conflit syndical des policiers du SPVM avec la Ville de Montréal, les pantalons de camouflages ont soulevé un tollé de protestations des médias sous prétexte que la sécurité du public était en danger. Ils invoquaient que le costume de policier était indispensable à la fonction de policier. C’était très dangereux de le modifier ! Même si je considère la couleur du pantalon comme un détail insignifiant en matière de santé-sécurité, par contre certains vêtements religieux constituent un danger évident pour la sécurité des citoyens.
Et les athées, auront-ils le droit d’afficher leur incroyance sur leur équipement de policiers ? On est équipés d’idiots utiles comme politiciens à Montréal, un fief du Quebec Liberal Party.
Liens
- Policiers et symboles religieux – une ligne à ne pas franchir, François Côté, Le Devoir, 2018-04-07.
Signé aussi par 34 autres individus. - Éditorial, Le SPVM et les signes religieux, NON, LE DOSSIER N’EST PAS « CLOS », François Cardinal, La Presse, 2018-04-07.
- Laïcité et indépendance, Joseph Facal, Journal de Montréal, 2018-04-07.
- Signes religieux chez les policiers: un « atout », selon Trudeau, Geneviève Lajoie, Journal de Québec, 2018-04-05.
- Oui pour une police neutre et non, mille fois non, Madame Plante, pour une milice communautaire, Ali Kaidi, Kabyle Universel, 2018-04-05.
- Contre les policières en hijab, Loïc Tassé, Journal de Montréal, 2018-04-03.
- Des signes religieux dans la police ? Non !, Simon-Pierre Savard-Tremblay, Journal de Montréal, 2018-04-03.
Excellent! Merci.