Prix international de la laïcité 2012
Djemila Benhabib au podium, au congrès Athées sans frontières, 2010-10-03
Photographie : F. Ward
Nous félicitons chaleureusement Djemila Benhabib, récipiendaire du Prix international de la laïcité 2012, accordé par le Comité Laïcité République
Discours de Djemila Benhabib, lauréate du Prix international : Pour une perspective laïque et féministe du monde
Dans les médias :
- L’auteure Djemila Benhabib est lauréate du Prix international de la laïcité sur le site de Radio Canada
- Djemila Benhabib remporte le Prix international de la laïcité sur le site de Le Devoir
Nous reproduisons ici le témoignage de Nina Sankari, en hommage à son amie Djemila Benhabib, à l’occasion de l’octroi de ce Prix.
Chère Djemila,
Il est peu probable que tu puisses lire mon message la veille de ton grand jour : demain il te sera officiellement décerné le prestigieux Prix International de la laïcité. Que c’est bien mérité cette victoire !
Une confession cependant. En tant que militante féministe et laïque j’ai entendu parler de toi longtemps avant que l’on se soit rencontré en 2010 à une conférence laïque à Bruxelles. Là, je t’ai entendue parler, défendre les valeurs universelles contre les intégrismes religieux et surtout contre les islamistes avec tant d’émotion, de passion, d’élan. Face à des propos retenus de Wasyla Tamzali, à son analyse sereine de savante, tes paroles m’ont semblé un peu exaltées « Je n’ai pas peur ! »- tu t’es écriée en lançant un défi aux islamistes absents – heureusement – de la salle.
Ce n’est qu’en lisant ton livre Ma vie à contre-Coran que je me suis rendue compte du prix de chaque mot qui valait la vie, ta vie, Djemila. Au fur et à mesure que j’avançais dans la lecture, grandissait mon admiration pour ton courage et pour la pertinence de ton acte d’accusation. Mais ce livre est plus qu’un acte d’accusation des intégristes religieux, de « la barbarie islamiste » et de ses crimes contre l’humanité perpétrés au nom d’Allah. Il est au même titre un acte flamboyant de la défense des valeurs universelles, des droits humains, dont droits des femmes ; un plaidoyer passionné du droit à une vie pleine et accomplie.
Tu as su aussi dénoncé « les alliances empoisonnées d’un Occident prêt à tout pour se débarasser du communisme » mais qui n’a pas tardé à se faire défié sur son propre terrain. Tu étais parmi les premiers à avoir livré le combat contre les accommodements raisonnables très à la mode – une idée lâche, hypocrite et myope – et une parmi les représentants peu nombreux de la gauche qui n’ont pas déserté le terrain de la laïcité quand il s’agissait de la défendre contre les intégristes islamiques. Tu démantelais systématiquement les tactiques islamistes qui consistaient à crier islamophobie ou néocolonialisme à la moindre tentative de critique. Il fallait beaucoup de courage mais aussi de clairvoyance pour oser s’opposer à toutes ces idées et à leurs partisans puissants pour continuer ta lutte émancipatrice.
Chère Djemila ! Demain c’est un grand jour non seulement pour toi. C’est un grand jour pour tous les militants laïcs, mais surtout pour ceux qui souffrent le plus sous le joug des islamistes : musulmans dans leur pays d’origine ou enfermés dans des ghettos imaginaires créés par « les soldats d’Allah » à l’Occident.
Merci, Djemila, de nous donner l’exemple du courage pour défendre liberté, égalité et fraternité, pour préserver la démocratie.
Ton amie et soeur dans la lutte,
Nina