Lettre d’AAI à l’ONU, au sujet de la crise politique au Bangladesh

Date de publication : 2024-08-31

Le texte suivant est une traduction française d’une lettre envoyée à Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, au sujet de l’enquête en cours menée par l’ONU sur les violences et les troubles récents au Bangladesh. La lettre est signée par l’Alliance athée internationale (AAI), ainsi que par plusieurs associations alliées de défense des droits de la personne, y compris Libres penseurs athées—Atheist Freethinkers.

Lettre conjointe : Demande d’une enquête approfondie sur les atrocités et les meurtres commis lors de la récente crise politique au Bangladesh

Vos Excellences,

Nous sommes des organisations qui se consacrent à la défense de la liberté de religion ou de conviction, de la laïcité et de la justice au nom de la démocratie. Nous demandons une enquête complète et transparente sur les violences et les atrocités généralisées qui ont eu lieu au Bangladesh avant et après la démission de l’ancienne Première ministre Sheikh Hasina.

Entre le 15 juillet et le 7 août, le Bangladesh a été le théâtre de violences généralisées qui ont fait 819 morts (selon les chiffres du 21 août rapportés par la Human Rights Support Society, une organisation non gouvernementale de défense des droits de l’homme) et des milliers de blessés. Ce qui avait commencé comme une manifestation pour la « réforme des quotas » s’est transformé en un mouvement anti-gouvernemental, conduisant finalement à la chute du gouvernement. Depuis le 15 juillet, de violents affrontements ont eu lieu entre manifestants et forces de sécurité, entraînant des pertes en vies humaines et des dommages importants aux biens publics. Même après la démission de l’ancien gouvernement le 5 août, les violences ont continué. Du 5 au 7 août, le Bangladesh a été le théâtre de plusieurs des plus graves atrocités depuis son indépendance en 1971. Il s’agissait notamment d’attaques commises sans discernement contre des agents de sécurité et d’attaques de représailles à motivation politique contre des dirigeants et des militants de la Ligue Awami [parti politique au pouvoir avant le 5 août], qui ont fait plus de 100 morts et de nombreux blessés. En outre, au moins 250 attaques ont été signalées contre des membres de minorités religieuses, leurs biens et leurs lieux de culte. Il est inquiétant de constater que des agressions sexuelles ont été commises contre des femmes appartenant à des minorités. Des sites historiques et des musées importants, notamment la résidence vénérée du Père de la nation Bangabandhu Sheikh Mujibur Rahman, ont été pris pour cible et endommagés. Plus de 1 500 sculptures et peintures murales ont été profanées ou détruites. En outre, des attaques inhumaines contre des commissariats et des agents de police ont gravement perturbé le fonctionnement des forces de sécurité, entraînant une interruption de l’administration civile pendant une semaine et provoquant des pillages et un chaos généralisé.

Nous demandons respectueusement aux Nations Unies de prendre en compte le contexte plus large et d’examiner attentivement l’évolution de la situation. Au cours d’une interview télévisée, un membre du gouvernement intérimaire actuel a souligné que certains membres du personnel de sécurité blessés l’avaient été par des balles provenant d’armes à feu perfectionnées. Sa déclaration indique que l’utilisation d’armes ne se limitait pas aux seules forces de sécurité. Dans les cas de pertes importantes des deux côtés d’un conflit, il est impératif de mener des enquêtes approfondies et impartiales sur les décès et les blessures de toutes les personnes.

Il est essentiel de ne pas mener d’enquête hâtive et d’examiner minutieusement toutes les preuves médico-légales et les rapports d’autopsie. Une mission d’enquête approfondie doit être lancée, ainsi que des discussions franches avec des témoins oculaires et des professionnels de la santé pour vérifier soigneusement chaque détail.

Tous les incidents survenus après le 5 août doivent faire l’objet d’une attention égale. Les responsables des meurtres de policiers et de dirigeants de la Ligue Awami, des attaques contre des minorités religieuses et des attaques coordonnées contre des sites culturels et patrimoniaux doivent être traduits en justice. Ne pas traiter ces atrocités porterait gravement atteinte à la validité et à l’acceptabilité de l’enquête. Nous exigeons que les Nations Unies examinent minutieusement tous les aspects de la situation et mettent en œuvre les mesures nécessaires pour défendre les droits de toutes les victimes et garantir que justice soit rendue.

En vous remerciant de votre attention,

Signataires :


La version originale de cette lettre, en anglais, est disponible sous forme de document PDF.


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