2024-12-12 : La pseudolaïcité au service du privilège religieux

David Rand

Date de publication : 2024-12-21

Conférence donnée au Centre humaniste de Montréal, le 12 décembre 2024.

Cette conférence s’accompagne d’une présentation de diapositives.


La pseudolaïcité au service du privilège religieux

Bonsoir. Le sujet de ma conférence ce soir sera « La pseudolaïcité au service du privilège religieux ». Par pseudolaïcité, j’entends une laïcité privée d’un de ses aspects majeurs, la rendant beaucoup plus faible et inefficace. De plus, j’expliquerai comment cet affaiblissement de la laïcité perpétue le privilège religieux, un phénomène à peu près omniprésent dans nos sociétés.

Partie I : Le sécularisme et la laïcité

D’abord, considérons deux modèles de laïcité :

  • Le modèle lockéen, nommé souvent « sécularisme », semblable au mot anglais « secularism » et courant dans le monde anglophone.
  • Le modèle républicain, courant dans plusieurs pays francophone, surtout la France, et qui prévaut au Québec, mais fortement contesté par le premier modèle. Ce modèle français s’appelle tout simplement « laïcité », sans adjectif, mais je l’appelle souvent « laïcité républicaine » pour éviter toute confusion avec le premier modèle.

Le sécularisme lockéen

Le modèle lockéen s’inspire de l’essai Lettre concernant la tolérance (1689) du philosophe anglais John Locke. Locke propose une gestion tolérante de la diversité religieuse du pays, une approche où les diverses religions pourraient vivre en harmonie. Toutefois :

  • Il exclut les catholiques de son modèle, car il s’attend à ce que ces catholiques restent plutôt fidèles à un prince étranger, c’est-à-dire le pape.
  • Il exclut aussi les incroyants. Sa méfiance pour les athées est encore plus forte que sa méfiance pour les catholiques. Selon Locke, les athées sont complètement indignes de confiance, car une promesse ou un serment d’un athée ne vaut strictement rien pour lui.
  • Donc, sa tolérance est très limitée, assez intolérante même.
  • Son approche se résume à la neutralité religieuse, mais une neutralité faible, c’est-à-dire excluant les incroyants. (J’appelle « neutralité religieuse forte » une approche où les croyants et les incroyants sont traités sur un pied d’égalité.) De plus, la neutralité faible de Locke est rendue encore plus faible par son exclusion des catholiques.

En 1791, le Premier amendement de la constitution des États-Unis a été adopté. En matière de religions, il déclare :

« Le Congrès ne fera aucune loi concernant l’établissement d’une religion ou interdisant le libre exercice de celle-ci… »

On constate que cet amendement est d’inspiration lockéenne : il interdit l’établissement d’une religion d’État, ce qui revient à une neutralité religieuse faible. Notez que le principe de séparation entre religions et État y est absent. De plus, la liberté d’exercice religieux y jouit d’une protection apparemment sans limites.

À l’époque de Locke et à l’époque de l’adoption de la constitution américaine, le terme « secularism » n’existait pas encore en anglais. Il a été inventé en 1851 par George Jacob Holyoake, collègue du célèbre athée et républicain Charles Bradlaugh, fondateur de la National Secular Society (NSS). Cette société existe encore et milite toujours, tant bien que mal, pour le sécularisme au Royaume-Uni. Je mentionne en passant que Holyoake avait tendance à interpréter le terme « secularism » comme une philosophie personnelle et qu’il avait, comme Locke, une attitude très négative à l’égard de l’athéisme.

La laïcité républicaine

Le mot « laïcité » est dérivé du grec ancien λᾱός voulant dire le peuple, les gens ordinaires, sans distinction d’identité particulière. On constate donc qu’une certaine notion d’universalisme, une valeur-clé des Lumières, est implicite.

En 1850, Victor Hugo a fait un discours devant l’assemblée législative français, dans le contexte d’un débat autour de la Loi Falloux — qui plaçait l’éducation solidement entre les mains du clergé —, au cours duquel il a prononcé la phrase désormais célèbre, « L’Église chez elle et l’État chez lui ». Hugo préconisait ainsi la séparation entre l’Église et l’État.

Selon les dictionnaires en ligne Wiktionnaire et Usito, le premier usage du mot français « laïcité » date de 1871. En 1905, la célèbre Loi de séparation des Églises et de l’État voit le jour en France. Cette loi est sans doute la plus importante législation laïque jamais adoptée par un pays souverain.

Je mentionne aussi que, dans la tradition républicaine, la laïcité n’est pas une philosophie personnelle mais plutôt un projet de société, un mode de gestion étatique.

Laïcité : Une définition formelle

Donnons-nous une définition formelle de la laïcité. Elle comprend quatre facettes :

  1. L’égalité de toutes et de tous
  2. La liberté de conscience
  3. La neutralité religieuse de l’État
  4. La séparation entre l’État et les religions

Quelques observations avant d’aller plus loin :

Il y a beaucoup de définitions de « laïcité » en français et de « secularism » en anglais, mais dans la plupart des cas, la séparation y est incluse. C’est rare une définition qui ne comprend pas ce principe.

Cette définition de laïcité est très semblable (mais pas identique) à celle de la Loi sur la laïcité de l’État (Loi 21). La différence est subtile mais significative : au point 2, la définition donnée dans la Loi 21 ajoute aussi la liberté de religion. Je vous expliquerai tout à l’heure pourquoi je ne l’inclus pas.

Sécularisme et laïcité, des synonymes ? Réponse : Oui et non

Théoriquement OUI

  • Selon Wiktionnaire, ces deux termes (ainsi que le mot anglais « secularism ») ont des définitions semblables, toutes axées sur le principe de séparation et sur la neutralité religieuse.
  • Les sécularistes anglophones parlent souvent de séparation. Par exemple, il est bien connu que Thomas Jefferson proposait un « mur de séparation » entre les religions et l’État, même si la constitution de son pays ne mentionne pas cette notion.

Pratiquement NON

  • Le sécularisme dans le monde anglophone est une laïcité tronquée, limitée à la seule neutralité religieuse, souvent faible.
  • Ce sécularisme ne respecte pas la séparation.

Comparaison des deux modèles

Sécularisme lockéen Laïcité républicaine
Neutralité religieuse faible (incroyance exclue) Neutralité religieuse forte (incroyance incluse)
Sans séparation entre religions et État Séparation entre religions et État
Priorité à la liberté de religion Priorité à la liberté de conscience (incluant la liberté de croyance et d’incroyance, religieuse ou autre)
Priorité à l’appartenance religieuse (par rapport aux convictions politiques ou philosophiques) L’appartenance religieuse et les convictions politiques ou philosophiques sur un pied d’égalité
Amalgame race-religion, essentialisation de l’appartenance religieuse L’identité raciale ignorée ou sans importance
Restrictions religieuses sur la liberté d’expression Le blasphème ne constitue pas un délit.
Multiculturalisme = Multi-tribalisme Universalisme

Partie II : Le privilège religieux

Les privilèges religieux se trouvent un peu partout dans la société.

Le privilège religieux dans les lois

  • Dans la Constitution canadienne de 1982, l’expression « suprématie de Dieu » est déclarée au tout début, au préambule. Heureusement que la décision de la Cour suprême dans MLQ contre la Ville de Saguenay, en 2015, a beaucoup affaibli sa signification. Mais elle demeure là.
  • Comme nous l’avons déjà vu, la constitution des États-Unis, dans son Premier amendement :
    • Ne déclare par la séparation, mais seulement une neutralité religieuse faible.
    • Stipule une protection sans contrainte de l’exercice religieux.
  • Dans la loi sur la propagande haineuse au Code criminel du Canada, il y a une exception religieuse — §319(3)b) et §319(3.1)b) — qui accorde l’impunité aux propos haineux si ces propos se basent sur un texte religieux auquel croit la personne accusée. Cette exception a été renforcée en 2003, afin de dédouaner l’homophobie religieuse. Elle est dénoncée fréquemment dans les médias depuis quelques années et surtout depuis quelques semaines. Espérons qu’elle sera abrogée très prochainement.
  • Encore dans le Code criminel, le paragraphe §176 stipule une interdiction de gêner un service religieux.
  • Dans le Règlement sur la citoyenneté §17(1)b), il est stipulé que le juge de la citoyenneté doit accorder « la plus grande liberté possible pour ce qui est de la profession de foi religieuse » du nouveau citoyen. C’est une des provisions qui a permis à Zunera Ishaq d’obtenir des tribunaux, en 2015, la permission de porter un niqab lors de sa cérémonie de citoyenneté.
  • Au Canada, le Règlement sur les permis d’armes à feu comporte une exemption religieuse de se faire photographier.
  • Il y a d’importants privilèges fiscaux religieux au niveaux fédéral et provincial. Par exemple, un des critères pour un organisme de bienfaisance est l’« avancement de la religion ». Ces privilèges représentent des sommes d’argent significatives et méritent une attention particulière.
  • Même la très modeste Loi 21 (Loi sur la laïcité de l’État), une législation contre le privilège religieux, en contient un exemple. Je parle du point 2 de la définition de laïcité que j’ai donnée au début de cette conférence. J’explique cela dans quelques minutes.

Apparemment les manuels scolaires du nouveau programme Culture et citoyenneté québécoise (CCQ) bien qu’ils mentionnent la laïcité, ne respectent même pas complètement les aspects positifs de la définition de laïcité donnée par cette législation. Je n’ai pas eu le temps d’étudier cette question, mais Marie-Claude Girard du RPL s’y penche et va sûrement s’exprimer dans les médias à ce sujet.

Le privilège religieux dans les institutions

  • Dans la fonction publique du Canada et dans les fonctions publiques provinciales, il est courant d’exiger la neutralité politique de la part des fonctionnaires en service. Par exemple, selon le Code de valeurs et d’éthique du secteur public, les fonctionnaires fédéraux doivent exercer leurs fonctions « conformément aux lois, aux politiques et aux directives de façon non partisane et impartiale ». Mais la neutralité religieuse est exigée seulement au Québec, et même ici cette exigence est moins stricte. Par exemple, la neutralité religieuse ne s’applique pas à tous les fonctionnaires.
  • Un peu partout, sauf au Québec, le port de signes religieux, et même de couvre-visages est permis dans la fonction publique et même dans les cérémonies de citoyenneté.
  • Des images de femmes et de fillettes voilées sont courantes dans les publications et les publicités
    • La soi-disant « diversité » est très à la mode. Vous connaissez sûrement le slogan trudeauesque et irréfléchi, « La diversité est notre force. » Parfois il me semble que le sens du mot « diversité » est « On veut encore davantage de voiles islamiques ».
    • L’amalgamation de race de religion facilite les accusations gratuites de « racisme ».
    • La pluie d’accusations d’« islamophobie », de « racisme », etc. constitue de la censure sociale, intimidant toute dissidence.
    • Cette manie d’afficher la voile islamique constitue la supposition — fausse — que tout musulman serait rigoureusement pratiquant et que toute musulmane porterait le voile.
    • À mon avis, voiler une enfant durant une longue période, c’est de la maltraitance, c’est lui voler son enfance.

Quelques exemples

Publicité, Condition féminine Canada, Journée internationale des droits de la femme, 2018-03-08
Publicité, Condition féminine Canada, Journée internationale des droits de la femme, 2018-03-08

Rapport annuel 2018, Commission canadienne des droits de la personne
Rapport annuel 2018, Commission canadienne des droits de la personne

Paediatrics & Child Health, vol. 24, no 4, juillet 2019
Paediatrics & Child Health, vol. 24, no 4, juillet 2019

Le privilège religieux dans les mœurs

  • Athéophobie : J’utilise ce terme pour indiquer le préjugé anti-athée ou anti-athéisme qui associe l’athéisme avec l’immoralité ou l’amoralité. Je reconnais deux problèmes avec ce choix de mot :
    • Nous sommes tous, il me semble, très fatigués des mots se terminant en « phobie ».
    • Il confond le préjugé contre les personnes athées avec le préjugé contre l’athéisme.
  • Théonormatisme : Terme proposé par le philosophe François Doyon pour signifier le préjugé qui fait de la croyance (en dieu, en des dieux ou en une transcendance) la norme, et qui dénigre l’athéisme comme une religion qui s’ignore.
  • L’argutie fétiche des théistes : « Vous êtes athées pour pouvoir pécher. »
    (Reprise par la post-gauche : « Vous êtes ‘antiwokes’ pour pouvoir dire des méchancetés. »
  • Amalgame race-religion = négation de la liberté de conscience.
    • En passant, cet amalgame aurait des implications très négatives pour les monothéismes abrahamiques
  • La fausse symétrie croyance-incroyance ou théisme-athéisme =
    le refus de comprendre le concept de fardeau de la preuve

    • En passant, un croyant théiste qui prône cette symétrie avoue implicitement que la croyance religieuse est douteuse, voire néfaste.
  • Si l’athéisme est une croyance (ou une religion), alors :
    • Ne pas jouer au hockey est un sport d’hiver.
    • La calvitie est une couleur de cheveux.
    • Ne pas gober l’astrologie est une forme d’astrologie.
    • …[on peut continuer infiniment]…

Tous ces sophismes accordent implicitement un privilège à la croyance religieuse.

L’athéisme, au sens strict du terme, est purement négatif, et cela est un atout.
L’athéisme consiste à ne pas gober une hypothèse extravagante et complètement infondée.

Athéophobie (ou théonormatisme) chez les humanistes

  • Se dire athée est « un acte de foi ». (Bernard Cloutier dans Cité laïque no 5, hiver 2006)
    Non, l’athéisme n’est pas une prémisse de départ. Au contraire, c’est une conclusion, le refus d’une hypothèse infondée.
  • Un humaniste ontarien : « Un humaniste est un athée avec de la morale. »
    (Ma réponse : « Un athée est un athée avec de la morale. »)
  • Propos d’un conférencier évolutionniste à McGill :
    « Je ne crois pas en dieu, mais je me dis agnostique pour ne pas offenser les croyants. »
  • La devise « On peut être bon sans croire en dieu. » Il faut plutôt dire
    « Même les croyants peuvent être bons, malgré leur croyance. »
    car la croyance en dieu corrompt la morale.
  • Citation d’un personnage de Dostoïevski : « Sans Dieu, tout est permis »
    C’est le contraire qui est vrai : Avec la croyance en dieu, on peut tout justifier.
  • La science ne dicte par la morale.
    Mais la morale doit être compatible avec la science.

Partie III : Les libertés de conscience et d’expression

Dans cette partie j’expliquerai les libertés « externes », celles qui peuvent être limitées afin de protéger les libertés d’autrui.

La liberté de conscience

Elle englobe toutes les libertés « internes », c’est-à-dire celles qui ne heurtent pas les libertés d’autrui. Pour cette raison, elle est généralement sans contrainte.

  • Liberté de croyance, religieuse ou autre
  • Liberté d’incroyance, religieuse ou autre ; liberté d’être athée, sans religion
  • Liberté d’apostasie, c’est-à-dire changer de religion pour en adopter une autre ou aucune
  • Liberté d’opinion (politique, philosophique, religieuse, autre)
  • Liberté de pensée

La liberté d’expression

Elle englobe les libertés « externes » : expression, pratique (religieuse ou autre), exercice (religieux ou autre)

  • Peuvent souvent affecter les autres ou atteindre les libertés d’autrui
  • Doivent donc être parfois limitées afin de protéger les libertés d’autrui
  • Exemple : la Loi sur la laïcité de l’État, interdiction du port de signes religieux par les fonctionnaires en position d’autorité et par les enseignants, afin de protéger la liberté de conscience des usagers et des élèves.

La liberté de religion

Elle se décompose en deux aspects :

  1. La liberté de croyance religieuse – déjà protégée car incluse dans la liberté de conscience
  2. La liberté de pratique religieuse – ne mérite pas une protection légale particulière, car on n’accorde par une telle protection aux pratiques scientifiques, artistique, politiques, etc. Aucune pratique me mérite une protection légale absolue.

Il s’ensuit donc que…

Toute protection de la religion dans la législation (Chartes, etc.) est inutile et doit être supprimée, surtout si elle n’est pas accompagnée d’une protection semblable de l’irréligion (incroyance, athéisme, etc.)

Partie IV : La pseudolaïcité

La pseudolaïcité protège mal la liberté de conscience et entérine les privilèges religieux.

Simplifions la terminologie

Laïcité républicaine → Laïcité

Sécularisme lockéen → Pseudolaïcité

Centre for Inquiry-Canada (CFIC)

  • Association humaniste importante au Canada anglais, prétendument séculière
    Partenaire avec Canadian Secular Alliance (CSA)
  • S’est opposée à la Charte de la laïcité, proposée en 2013-2014
  • S’oppose à la Loi sur la laïcité de l’État, adoptée en 2019
  • A déclaré son intention de contester cette Loi devant la Cour suprême de Canada (mais il n’y a aucune nouvelle récente à ce sujet)
  • A adopté, en janvier 2021, une définition de « secularism » qui exclut la séparation. Pour le CFIC, « secularism » = neutralité religieuse (faible surtout). Ainsi CFIC est simultanément honnête (en avouant son rejet du principe de séparation) et malhonnête (et adoptant une définition inauthentique du sécularisme afin de légitimer son rejet de la Loi 21).
  • A refusé, en octobre 2021, un débat public, au sujet de cette Loi, entre CFIC et Libres penseurs athées (LPA).

Autres associations hors Québec

  • Dans la foulée de l’adoption de la Loi 21, aucune association se disant séculière, athée, humaniste ou sceptique au Canada anglais n’a appuyé cette Loi.
  • Au moins deux associations (CFIC et BCHA) s’y sont opposées décisivement.
  • Quatre ans après, une seule association, Secular Ontario, l’a appuyée en 2023.
  • B.C. Humanist Association (BCHA)
    • S’est opposée à la Charte de la laïcité en 2013-2014
    • S’oppose à la Loi sur la laïcité de l’État parce qu’elle contrôle « les choix vestimentaires personnels » (Donc, les uniformes deviennent inacceptables pour eux ?)
    • Prône l’oxymore « secular multiculturalism »
    • Orientation post-gauchiste (« woke »), néoraciste et anti-universaliste.
      Pour eux, la Loi 21 nuit aux « people of colour » et la tuerie de la mosquée de Québec a été motivée par « white nationalist ideology ».

Pourquoi rejette-t-on la Loi sur la laïcité de l’État ?

Selon CFIC :

  • Cette Loi est discriminatoire, donnant « un traitement spécial » aux croyants
  • Cette Loi est incompatible avec la neutralité religieuse (« secularism » pour eux) car elle supprime l’expression religieuse

La réalité :

  • Cette loi n’est pas discriminatoire, elle est disciplinaire.
    Elle n’exclut personne. Elle exclut certains comportements.
    Elle s’applique à tous et à toutes, y compris les athées (p.ex. mon chandail Libres penseurs athées).
  • Leur définition de « secularism » a été modifiée exprès afin de justifier leur rejet de la Loi 21.

L’importance d’interdire le port de signes religieux

  • Porter un signe religieux ou politique au travail dans la fonction publique est un privilège
  • La signification du symbole est indépendante de l’intention de la personne qui le porte.
  • Prosélytisme au sens large : normalisation de l’idéologie représentée.
  • Limite raisonnable sur la liberté de pratique. Aucun effet sur la liberté de croyance.
  • Porter un signe religieux n’est pas une obligation.
    Les obligations religieuses n’existent pas.
  • Les interdictions chez les fonctionnaires et les enseignants :
    Elles protègent la liberté de conscience des citoyens-usagers et des élèves.
Pourquoi il faut interdire le port de signes religieux par les fonctionnaires d’État Selon les antilaïques :
Pourquoi il ne faut jamais interdire le port de signes religieux
Séparer entre les religions et l’État On ne reconnaît pas le besoin de séparer les religions de l’État
Faire une démarcation appropriée entre libertés et responsabilités La liberté de pratique religieuse est quasi-absolue.
Freiner la propagation de la religion politique (en particulier l’islamisme) On ne reconnaît pas le danger de la religion politique. Selon les antilaïques, les prolaïques exagèrent le danger de l’islam politique car ils sont « islamophobes ».
Protéger la liberté de conscience des usagers et des élèves On se fiche des citoyens-usagers, des élèves et de leurs droits. La liberté de pratique religieuse de l’employé l’emporte.
S’opposer à la discrimination, c.-à-d. supprimer des symboles d’idéologies discriminatoires Interdire le port de signes est discriminatoire car la religion est prioritaire.
Mesure disciplinaire — une question de comportement, pas d’identité Mesure discriminatoire — car l’identité religieuse est innée et inviolable. La liberté de conscience du croyant n’existe pas.
Établir un équilibre entre des droits conflictuels (ceux des employés, ceux du public) La religion l’emporte sur tout.
Mesure modérée et raisonnable, telle que reconnue par plusieurs tribunaux La religion l’emporte sur tout.
Les croyants sont responsables de leurs croyances et des conséquences de celles-ci. L’État est responsable des choix religieux de ses employés.

Conclusion
Le socle du rejet de la Loi sur la laïcité de l’État :
Maintenir le privilège religieux

La loi déclare que toute personne a droit à des « services publics laïques », donc un rempart majeur contre le privilège religieux. Le rejet de la laïcité québécoise et le refus de remettre en cause le privilège religieux s’explique par divers facteurs :

  1. Ignorance de la laïcité, surtout ignorance de la séparation, à cause de la tradition lockéenne qui se résume à une neutralité religieuse faible.
  2. Un préjugé pro-religieux, en partie la conséquence du point précédent, mais rendu encore pire par la politique identitaire et la confusion entre race et religion qui sont les résultats de l’influence du postmodernisme français et du néoracisme américain.
  3. L’ethnocentrisme anglo-canadien, c.-à-d. le préjugé anti-francophone, thème majeur de l’histoire du Canada, préjugé allègrement exploité par les fanatiques religieux (p.ex. les islamistes) pour dénigrer la laïcité québécoise et les Québécois qui l’appuient.
  4. L’essor de la post-gauche dont l’anti-universalisme et l’amalgame race-religion sont incompatibles avec la laïcité.
  5. Paresse et lâcheté intellectuelle face à la pensée unique antilaïque imposée par les médias, nos politiciens et nos élites.

Une lueur d’espoir : Selon un sondage Léger, au ROC, forte minorité (38 %) appuie la Loi 21.

Un simulacre de laïcité

Un Simulacre de laïcité

Un Simulacre de laïcité,
L’échec du sécularisme dans le monde anglophone
,
L’Harmattan, 2024.


Stillbirth

Aussi disponible en anglais :
Stillbirth,
The Failure of Secularism in the English-Speaking World


Quelques liens pertinents


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