Laïcité ouverte

Le vice fondamental de la laïcité dite « ouverte »

Pierre Cloutier ll.m
avocat à la retraite

Si, au nom de la laïcité dite « ouverte », on permet aux employés des organismes publics de manifester leurs croyances religieuses par le port de signes religieux ostentatoires, il va falloir être logique et cohérent et permettre aussi à ces mêmes employés d’affirmer leur non-croyance et de défendre leur liberté de conscience par le port de signes ostentatoires qui vont affirmer explicitement que Dieu n’existe pas. On va alors voir apparaître, au sein des organismes publics, des chandails, des casquettes, des macarons ou autres objets porteurs de divers messages athées, agnostiques ou de libres penseurs comme : « Je suis athée », « Dieu n’existe pas », « Que Dieu mange de la m…. », « Qu’Allah aille se faire voir ailleurs », « Que Yahvé s’étouffe avec ses 10 commandements » ou tiens, pourquoi pas : « Raël u Akbar » etc. etc. Ce qui est bon pour Pitou est bon pour Minou.

Ceci est d’autant plus vrai qu’à l’heure actuelle, l’article 5 du projet de loi québécois no 60 interdit seulement la manifestation ostentatoire de ses croyances RELIGIEUSES et non pas l’inverse. Je le cite :

Article 5 : Un membre du personnel d’un organisme public ne doit pas porter, dans l’exercice de ses fonctions, un objet, tel un couvre-chef, un vêtement, un bijou ou autre parure, marquant ostensiblement, par son caractère démonstratif, une appartenance religieuse.

Quand un texte législatif est clair, on n’a pas besoin de l’interpréter.

Une appartenance religieuse est une appartenance à une religion et relève de la liberté de religion qui protège les citoyens qui pratiquent ensemble un culte ou une philosophie dont l’exercice suppose justement la possibilité de former des croyants qui se réfèrent à une puissance surnaturelle unique ou plurielle.

La non croyance en Dieu relève de la liberté de conscience et inclut la possibilité de choix de philosophies ou de morales non transcendantes qui ne réfèrent à aucune puissance surnaturelle. La non croyance en Dieu n’est pas liée à une appartenance religieuse et n’est donc pas assujettie à l’article 5 du projet de loi.

Les athées, agnostiques, rationalistes ou libres penseurs québécois, qui représentent une frange importante de la population québécoise sinon la majorité par rapport aux croyants, vont finir par le réaliser.

Vous voyez d’ici la Tour de Babel au sein de l’État québécois à cause de l’hypocrisie des partisans de la laïcité dite « ouverte » veulent faire disparaître l’article 5 et faire revenir ainsi la religion par la porte de service, alors que la laïcisation progressive du Québec nous a apporté la paix religieuse et sociale depuis plus de 50 ans.

Ce sera alors la danse de la laïcité « ouverte ». Il faut être 2 pour danser ce drôle de tango : ceux qui croient au Ciel et ceux qui n’y croient pas.


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