David Rand
2018-06-08
Vu la récente décision du gouvernement danois d’interdire les couvre-visage en public, la question des interdictions des signes religieux et des couvre-visage revient dans l’actualité. Cette nouvelle interdiction entre en vigueur le 1er août. Le présent blogue affiche un tableau où j’indique les circumstances dans lesquelles de telles prohibitions seraient, à mon avis, justifiées.
Je salue le courage du gouvernement danois. Il s’agit d’une mesure forte et à large portée, car elle s’applique dans l’espace public et non seulement dans la fonction publique. Cela dépasse donc le cadre de la laïcité au sens strict. Il faut tout de même agir de quelque manière contre la propagation de cette prison ambulante pour femmes. Les couvre-visage doivent au moins est interdits dans les services publics (comme prétend le faire la Loi 62 au Québec, mais ne fait que faiblement à cause des exemption faciles qu’elle prévoit).
L’approche danoise est tout de même préférable à la complaisance et l’incohérence crasse du gouvernement canadien qui non seulement permet les signes religieux partout, même dans la GRC, devant les tribunaux et dans les cérémonies d’État, mais en plus les célèbre même !
Cette prohibition ne viole pas la liberté de religion. Elle n’entrave à personne la pratique de sa religion. Au contraire, elle prévient une forme de prosélytisme fait par des fanatiques ayant des visées politiques. Il importe peu si la personne qui porte un tel couvre-visage le fait volontairement ou sous la pression d’autrui : dans les deux cas, le port du niqab est une indication d’un fanatisme politico-religieux.
Quant à la question générale des circonstances dans lesquelles de telles prohibitions devraient s’appliquer, le tableau suivant représent mon opinion personnelle. Les gens raisonnables peuvent être en désaccord sur les détails. Toutefois, il n’est pas du tout raisonnable de prendre position contre toute interdiction de couvre-visage ou de signes religieux dans toute circonstance. Permettre le port de ces vêtements en tout temps et en tout lieu serait littéralement une folie. Auriez-vous confiance en un policier ou une policière arborant un gros crucifiz sur la poitrine ou portant un niqab ?
Pour une discussion plus détaillée de cette question, consultez : Restrictions on Face-Coverings & Religious Symbols.
Circonstance | Signes religieux (et politics) ostentatoires en général | Couvre-visage partiels, p.ex. tchador* | Couvre-visage (qui peuvent être, ou ne pas être, des signes religieux) |
---|---|---|---|
Fonctionnaires ayant un pouvoir coercitif (police, juges, gardiens de prison) en service | Interdiction | Interdiction | Interdiction |
Fonctionnaires en général, en service | Interdiction | Interdiction | Interdiction |
Utilisateurs de services publics | Sans interdiction | Sans interdiction | Interdiction |
Individus privés qui circulent en public | Sans interdiction | Sans interdiction | Interdiction possible |
Conducteur de véhicule automobile | Interdiction si la vision est compromise | Interdiction | Interdiction |
* Nota bene : J’ai mis le tchador dans une catégorie à part puisqu’il couvre partiellement le visage et est donc plus contraignant que le hijab. Mais il est tout de même moins restrictif que le niqab ou la burqa. Le tchador serait, pour ainsi dire, l’adaptation iranienne du niqab ou de la burqa.
« Cette prohibition ne viole pas la liberté de religion. » Si la liberté de religion est définie par tout ce qu’un croyant doit faire selon ce que lui dicte sa religion alors, oui, la liberté de religion est violée. Je pense que l’attitude de l’État a avoir dans ce cas est que l’État reconnaissance à tous les mêmes droits. L’État reconnaît des droits individuels pour tous et que l’expression de ces droits soit religieuses ou non pour certains ne devrait rien changer. Autrement dit, la liberté religieuse ne donne aucun droits supplémentaires. Même au contraire puisse que les religions tendent à être agressives et à s’investir au niveau politique, l’État doit les combattre et les voir comme une menace intérieur incompatible avec les valeurs indispensables au bien vivre ensemble. L’État, dans des limites raisonnables, doit être proactif et combattre toutes les formes de croyances. Il doit donc pour ce faire investir dans l’éducation de ses citoyens pour que ceux-ci soient intellectuellement bien armés pour faire face à toute supercherie de ce genre.