Le rôle de la religion dans la radicalisation menant à la violence,
Marie Lamensch et al., Huffington Post Québec, 2016-11-23
Nous voulons tout particulièrement réagir à une étude commanditée par le groupe de recherche SHERPA et rendue publique à la fin du mois d’octobre. L’étude avait pour but de tracer le profil de jeunes Québécois qui soutiennent des idées liées à la radicalisation menant à la violence. La recherche comporte selon nous une lacune importante. En effet, elle minimise à plusieurs égards le rôle que joue la religion en matière de radicalisation. Par exemple, l’étude en question cherche à établir un rapport entre les jeunes sans appartenance religieuse et l’appui à la radicalisation menant à la violence, en laissant entendre que des personnes athées et/ou agnostiques sont plus susceptibles d’adopter des idées radicales que des personnes croyantes.
C’est une erreur de prétendre que les convictions religieuses protègent contre la radicalisation menant à la violence. Une telle généralisation ne correspond pas à la réalité. […]
Le groupe SHERPA n’a entrepris aucune entrevue avec des personnes radicalisées, et c’est là que se situe sa principale lacune. […]
Puisque ce genre d’étude est souvent relayé par les médias, les conclusions sont susceptibles de façonner l’opinion publique quant aux causes de la radicalisation menant à la violence. À la lumière de la recherche actuelle sur l’extrémisme violent, les conclusions de cette étude nous ont paru pour le moins erronées. C’est pour cette raison que nous formulons cette critique.
[…]
C’est un fait : il y a un accroissement de la radicalisation et l’extrémisme violent à l’échelle planétaire. Prétendre que la religion n’a absolument rien à voir avec ce phénomène fait preuve de malhonnêteté.
Marie Lamensch est collaboratrice à l’Institut d’études sur le génocide et les droits humains, Université Concordia. Sa lettre ouverte est co-signée par plusieurs collègues.
Voir aussi :
- SHERPA : un rapport aux graves lacunes méthodologiques. Il s’agit là de sophismes présentés sous le couvert de statistiques malheureusement invalides, Normand Baillargeon, Daniel Baril, François Doyon, André Gagné, Yves Gingras et Kristoff Talin, Le Devoir, 2016-11-05
- Le rapport SHERPA : Le défi du vivre ensemble : Les déterminants individuels et sociaux du soutien à la radicalisation violente des collégiens et collégiennes au Québec, Cécile Rousseau et al., SHERPA, Institut Universitaire en regard aux communautés culturelles du CIUSSS Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, octobre 2016
Ici, http://www.lapresse.ca/le-droit/actualites/education/201610/25/01-5034287-recherche-dans-les-cegeps-la-religion-protegerait-de-la-radicalisation.php, on peut lire « L’étude a été réalisée par le centre de recherche Sherpa de l’Institut universitaire du CIUSSS (Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux) du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, en partenariat avec la Fédération des cégeps. ».
La docteur Rousseau ayant dirigée l’étude commente: « les gens qui disent n’avoir aucune religion soutiennent plus la radicalisation violente que ceux qui se réclament du christianisme ou de l’islam», a résumé la docteure Rousseau. »
C’est un plan pour pousser la religion dans les CEGEP? Ça sent mauvais…