Blogue 063 : Cours Éthique et culture religieuse : Des orientations inquiétantes

Pierre Thibault

2015-10-29

Ce blogue est un compte-rendu personnel de la présentation de Daniel Baril sur le Cours Éthique et Culture Religieuse (ÉCR) donnée au Centre humaniste de Montréal le mercredi 21 octobre 2015.

Si le cours « Éthique et culture religieuse » n’est pas un cours d’endoctrinement religieux, il n’est pas exagéré de dire qu’il s’en approche beaucoup. En effet, ce cours, qui est obligatoire du primaire au secondaire depuis 2008 au Québec, fait la promotion de la religion et des pseudo-sciences sans aucun esprit critique.

Le cours couvre les principales religions : christianisme, islam, hindouisme, bouddhisme ainsi que le chamanisme amérindien. L’élève apprend les croyances à la base des religions telles que les 10 commandements que dieu aurait donnés à Moïse, la révélation de la parole de dieu à Mahomet par l’ange Gabriel, les cinq piliers de l’islam, etc. Il apprend aussi que les chamanes ont des pouvoirs surnaturels et qu’ils communiquent entre le monde naturel et le monde surnaturel. Toutes ces différentes croyances sont présentées plus ou moins comme s’il s’agissait de faits historiques. On ne fait pas de place à la critique et on relativise seulement par rapport à la religion à laquelle une croyance appartient, par exemple on pourra lire : « Pour les Chrétiens, pâque est une fête importante. ». Fait intéressant, Mahomet est le seul présenté par un espace blanc sur les images. Dans une version précédente, Mahomet y était présenté avec un voile avec un trait de crayon pour la bouche pour donner au tout une forme un peu plus humaine.

Le cours aborde également les pseudo-sciences tels que l’astrologie, les chakras, la magie et le créationnisme. Celles-ci sont présentées et explicitées essentiellement de la même manière que les religions. Puisqu’elles sont plus à la mode, les jeunes accrochent davantage aux idées proposées par les pseudo-sciences qu’aux idées plus vieillottes proposées par les religions.

Les explications se perdent parfois en conjectures. On peut y lire des choses du genre : « Dieu est ceci ou cela mais n’est pas ceci ou cela… » ou encore « Dieu est le père, mais il n’est pas un père paternel… ». « Dieu est au-delà de la compréhension humaine… » Parfois, ça devient même comique.

En plus de la théorie présentée, le cours propose des exercices pratiques aux élèves. Par contre, les exercices sont toujours présentés comme s’il était normal pour toute personne d’avoir des pratiques religieuses. Par exemple, on proposera à l’élève : « Discute des croyances de ta religion avec les autres élèves de la classe. ». Ou encore on présentera aux élèves une fin de semaine typique pour un chrétien ou un musulman pratiquant mais jamais celle d’une personne n’ayant pas de pratique religieuse comme si cela n’existait pas. Pourtant, 80 % des élèves n’ont pas de pratiques religieuses. De plus, les athées, les agnostiques et les non-croyants sont presque totalement absents du programme. C’est seulement en secondaire 4 ou 5 que le cours aborde la non-croyance, mais il le fait sans prescription définie.

Dans la définition des compétences défini par le programme, on peut lire « Dans une société pluraliste comme la nôtre se côtoient une diversité de valeurs et de normes dont les individus tiennent compte lorsqu’ils s’interrogent sur des questions éthiques. Il importe, dans un tel contexte, d’acquérir une pensée autonome, critique et créatrice, de se prémunir contre les effets du laisser-faire et du moralisme et, enfin, de connaître et d’apprécier les valeurs fondamentales de la société québécoise. Pour vivre ensemble dans notre société, il est fondamental d’acquérir une compréhension du phénomène religieux. ». Il semble ici que les préceptes de base demeurent discutables d’autant plus que d’une religion à une autre, ou même à l’intérieur d’une même religion, les idées ne sont pas toujours des plus cohérentes.

Un autre aspect troublant du cours est qu’on présente toutes les croyances et les religions comme si aucun conflit n’existait. Il n’y a tout simplement pas de critiques et tout se présente de façon idyllique. Or, les enfants et les adolescents doivent bien se demander qu’est-ce qui se passe quand ils voient autant de conflits religieux sur l’écran de télé.

Y a-t-il un agenda politique qui se cache dernière ce cours ? Chose certaine, les facultés de théologie y trouvent leur compte et elles ne seront pas au chômage bientôt. Est-ce que c’est ça le multiculturalisme ? Et quel impact à long terme auront ces cours enseignés à de jeunes enfants ? Est-ce qu’au nom de la tolérance on doit accepter n’importe quoi ?

Référence

Programme Éthique et culture religieuse, sur le site du Ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche du gouvernement du Québec.

4 commentaires sur “Blogue 063 : Cours Éthique et culture religieuse : Des orientations inquiétantes
  1. Pierre Gosselin dit :

    Je ne connais rien de ce cours hormis de ce qu’on peut en apprendre par les médias publics et, à la lumière des informations, je cogite.

    Il me semble que l’on étale à la compréhension de l’enfant les paradigmes, croyances, philosophies, valeurs, systèmes, appelez cela comme vous voulez d’une série de religion, mythes et pseudo sciences les plus en vogue sur la planète. En fait on se borne et ne peut faire autrement que de discuter des fondements ou de l’histoire de chacune d’elles. Il est probable qu’on effleure les obligations et coutumes qui en découlent mais en restant assez superficiels afin d’éviter les trop grandes différences individuelles qui finalement s’opposent. C’est la raison de l’insistance sur le respect mutuel afin de neutraliser les adversités.

    Toutes les religions sans exception ont des obligations de croyance et de comportements qui doivent être observées sous peine de punitions ou sévices corporels que ce soit dans ce monde ou dans un monde imaginaire d’un au-delà ce qui, pour un enfant, est terrifiant et source de traumatisme qui dureront la vie durant. Je ne pense pas, dans de tels cours, qu’insister trop fort sur ces nécessités y entraînerait l’assentiment d’un enfant normal, bien au contraire l’en éloignerait. En conséquence le cours doit effleurer la chose sans faire peur afin plutôt d’accoutumer l’esprit aux comportements masochistes.

    Le « dada » de toutes les religions, c’est le contrôle de la vie, c’est-à-dire le contrôle de la sexualité, des genres, de la reproduction, de la force fondamentale de la nature. Qu’y a-t-il de plus rébarbatif pour un adolescent que de se voir imposer le contrôle de ses propres forces vitales qui éclosent et explosent à ce moment. La ségrégation des genres, les inégalités homme femme, les obligations entre époux, les codes vestimentaires, les relations amoureuses, etc. toutes ne peuvent être vues que comme des contraintes négatives et donc des bizarreries de genres bonnes pour les autres mais pas pour soi. Encore ici il faut insister sur la modération et la tolérance pour neutraliser le refus et le ridicule.

    Finalement quand l’adulte qui naît sera mis en contact avec la pensée rationnelle par la méthode scientifique via les mathématiques, la physique, la chimie et la biologie, tout ce fatras déconcertant, déroutant, plein de contradictions, ne pourra que se dissoudre et j’ose croire enclencher une saine réflexion sur l’être. À moins que l’on verse dans le créationnisme et la naturopathie comme base de la connaissance scientifique.

    Pour résumer, même si agenda politique il y a, même si nos élites multiculturalistes croient avoir la panacée avec ce cours, en fait on prépare la base d’un rejet global et d’une saine indigestion, une garantie forte de ne plus accommoder les foutaises. Car dans un cours ou on informe et tente de former en l’absence de peurs, de punitions, de sévices ou d’émotions fortes, il n’est pas possible d’obliger, ni d’endoctriner, ni de contrôler l’esprit. Reste à savoir si l’insistance sur la tolérance et le respect mutuel se cristallisera en un fractionnement de l’esprit, ouvrant la porte à ce qu’on appelle « deux poids, deux mesures ». Dans une dizaine d’années quand les premiers enfants franchiront le dernier cap, on sera fixé sur la chose.

  2. Pierre Thibault dit :

    Je pense que ce cours devrait faire scandale. On n’a pas le droit d’enseigner aux enfants des fictions comme si c’était des faits. Les enfants nous font confiance et nous les trahissons.

  3. Gilles Désabraiss dit :

    Je désire le numéro de ce cours afin de présenter une plainte formelle auprès du ministère. Si on veux enseigner les religions, l’enfant a le droit de savoir que Dieu est une invention des Hébreux et que la création du monde est une pure fiction. Encore aujourd’hui, le christianisme débute avec la naissance de Jésus et c’est faux, car il débute avec les arrangement que Anne et Joachim ont pris avec les grands prêtres juifs afin que la fille de Anne soit la mère du messie à venir. (Voir la présentation de Marie au temple) Pourquoi pas expliquer aux enfants que Mahomet a copié les informations du coran dans la bible et la Torah. Il faudrait leur dire que Mahomet refuse que son image soit montré car c’est la force de l’inconnu qui fait peur et renforce le lavage du cerveau. Les enfants devrait savoir que Adam fut déposé sur la terre pas un extraterrestre appelé Élohim qui n’a ni corps ni esprit et qu’on lui a donné le nom de Allah pour les musulman et Yhavé qui signifie Élohim traduit dans les deux langues. Savent-ils que Mahomet parlait à l’ange Gabriel et qu’il voyageait sur un cheval ailé nommé Bouraq. Savent-ils que Mahomet a fondé sa religion sur le meurtre, le vol, le pillage, le viol et la vente d’esclaves. Le ministre ne connait absolument rien aux religions et il demande à des profs d’enseigner de tels stupidités.
    Selon les juifs, la création date de 5775 ans alors que l’univers a 15 milliards d’annés et que la terre est là depuis 5.7 Milliard d’années. Qui plus est, les chinois cultivaient le riz il y a 10,000 ans et les Égyptien construisaient les premières pyramides à cette époque.

  4. Pierre Thibault dit :

    Bonne chance Gilles dans vos démarches. Peut-être que vous renseigner au près du MLQ pourrait vous aider. Tenez-nous au courant.

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