Actualités : Cérémonies religieuses dans les parcs et rues de Montréal

Les parcs ne sont pas des lieux de culte, Nadia El-Mabrouk, Le Devoir, 2024-06-19.
L’autrice cosigne ce texte avec François Dugré, Marie-Claude Girard, Etienne-Alexis Boucher, Lucie Jobin, Raphaël Guérard et Lyne Jubinville ; tous sont membres du conseil d’administration du Rassemblement pour la laïcité.

Le conseil d’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville a donné l’autorisation à un groupe religieux d’organiser une prière collective musulmane au parc des Hirondelles à l’occasion de la fête de l’Aïd. C’est ainsi qu’en toute légalité, le parc s’est transformé dimanche 16 juin en mosquée à ciel ouvert pour des centaines de musulmans.

En entrevue, Émilie Thuillier, la mairesse de cet arrondissement, dit entendre « les gens qui voudraient qu’on n’ait pas de religion dans les parcs » et invite à la réflexion sur le sujet.

À quelle réflexion nous invite-t-elle au juste ? Il ne s’agit pas de vouloir « enlever la religion des rues et des parcs » ; nous n’avons entendu aucune revendication à cet effet. Dans un État qui favorise la liberté d’expression, les gens ont le droit d’exprimer leurs croyances religieuses dans l’espace public, que ce soit par l’affichage ou par les propos, dans les limites du droit commun. Cependant, un parc n’est pas un lieu de culte. La question qui se pose n’est donc pas « pourquoi enlever la religion des parcs », mais bien pourquoi transformer un parc en espace sacralisé pour une religion ?

À cet effet, le règlement de l’arrondissement est pourtant clair : une cérémonie religieuse ne répond pas aux critères d’admissibilité pour un événement public. La mairesse est-elle en réflexion sur son propre règlement après l’avoir ainsi transgressé ?

[…]

Or, contrairement à une activité sportive, un festival, une fête ou un spectacle qui sont ouverts à tous, une cérémonie religieuse comme une prière collective musulmane n’est accessible qu’aux adeptes de cette religion. Une telle célébration fait intervenir la notion de pureté rituelle, discriminatoire par nature. L’affiche annonçant l’événement du parc des Hirondelles demande d’ailleurs aux musulmans d’avoir fait leurs ablutions à l’avance. Un musulman n’ayant pas fait ses ablutions, une femme menstruée ou tout non-musulman est considéré comme impur et exclu de facto de l’espace de prière.

Transformer un parc en lieu de culte sacralisé est la pire forme d’exclusion citoyenne. Et c’est sans parler du triste spectacle de ségrégation sexuelle d’un autre âge auquel nous avons eu droit dimanche au parc : femmes et fillettes dissimulées sous des voiles couvrants, reléguées dans un espace cloisonné, loin derrière les hommes.

[…]

Nous donnons raison à la mairesse d’Ahuntsic-Cartierville sur le fait que le règlement doit être appliqué également à toutes les religions. Encore faut-il l’appliquer ! Il n’y a pas plus de raison d’autoriser des messes chrétiennes au parc ou des cérémonies religieuses de juifs hassidiques dans les rues d’Outremont. Il ne s’agit pas d’interdire la religion dans l’espace public, mais de ne pas permettre à une religion de s’approprier l’espace public. […]

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Saisie d’écran du site de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, prise le 20 juin 2024

Arrondissement Ahuntsic-Cartierville


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2 commentaires sur “Actualités : Cérémonies religieuses dans les parcs et rues de Montréal
  1. Danielle Villemure dit :

    Il est inacceptable qu’il y ait des prières de rue a Montréal. Les prières se font a la maison et dans ton lieu de culte. Point barre.

  2. Jacques Deschesnes dit :

    Je suis un apostat et j’aimerais amené un bémol.
    Je suis d’accord en grande partie avec le texte de Nadia, La grosse différence entre la prière musulmane comparée à d’autres religions est que seuls les musulmans peuvent y assister et ce en suivant leurs règles très précises ( ablutions, photo interdites, placer les femmes à l’arrière etc ). Si , comme le mentionnait la mairesse au micro de Dutrizac, la communauté italienne célèbre une messe, tous peuvent assister peu importe son appartenance religieuse. Donc sur ce seul point il s’agit bel et bien de ségrégation et ceci ne devrait pas être accepté par les municipalités.
    Cependant interdire TOUTES manifestations à caractère religieux me semble un peu exagéré. Non aux prières de rue, mais une procession serait acceptable selon moi

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