Le saviez-vous ? Le GIEC, ses origines et son évolution

Le GIEC, ses origines et son évolution

de Gilbert Corniglion

Le GIEC, c’est le « Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat » (en anglais IPPC pour “Intergovernmental Panel on Climate Change”). Le paradoxe, c’est que ce sont des ténors du néo-libéralisme très peu favorables aux instances supra-nationales — et encore moins sympathisants des écologistes — qui ont poussé à la formation du GIEC.

C’était en 1988 que Ronald Reagan, Margaret Thatcher et le G7, irrités par les environnementalistes « débridés » (sic), veulent confier à des climatologues professionnels experts gouvernementaux l’étude de l’évolution du climat : l’intitulé anglais (« Intergovernmental » pour I dans IPPC) le précise : ça se veut « sérieux ». Deux instances de l’ONU (le PNUE = E pour « environnement ») et l’OMM pour Organisation Mondiale de Météorologie) forment le GIEC, que les AG de l’ONU entérinent par vote.

Des centaines de spécialistes reconnus dans un grand nombre de disciplines en sciences dures et sciences humaines élaborent au cours des années des rapports synthétiques volumineux entérinés collectivement après discussions. Le rapport septembre 2019 de Monaco est explosif © Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, 2019.

La mise à jour récente (août 2021) enfonce le clou. On ne peut que conseiller au lecteur désireux d’aller aux sources à s’y référer.

Le second paradoxe, c’est que cet organisme « sage », voulu sous contrôle, est devenu un lanceur d’alerte, alors que leurs initiateurs les concevaient plutôt comme un « contre-feu » devant « calmer le jeu » face aux GreenPeace et autres WWF plus bruyants. Décennies après décennies, mesures après contre-mesures, synthèses après synthèses, on en arrive alors à ce que le GIEC émet des rapports de plus en plus alarmants (les climatosceptiques ou les négationnistes climatiques les qualifient d’inutilement alarmistes et idéologiques, afin de les disqualifier).

Greta Thunberg, que les mêmes sceptiques affublent du titre d’autiste paranoïaque, immature et irrespectueuse mais manipulée par d’habiles complotistes climatogauchistes, ne fait que répercuter vers le public et les dirigeants, les rapports successifs du GIEC. Ceux qui ont pris la peine d’écouter attentivement ses émotives adresses aux dirigeants mondiaux (« How dare you? »), ne pourraient que constater qu’elle n’avance pas un chiffre, pas une hypothèse, pas un iota de noirceur aux sérieuses conclusions du GIEC, que peu — les mêmes — prennent la peine de lire, pas plus qu’ils n’écoutent l’argumentaire de Greta T.

Comme la créature romanesque, Prométhée, puis « le Monstre », dans « Frankenstein » de Mary Shelley d’il y a 200 ans, la créature semble avoir outrepassé et désobéi à ses concepteurs : comme le monstre de Frankenstein, le GIEC « mord les mollets » de ses très conservateurs concepteurs.

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8 commentaires sur “Le saviez-vous ? Le GIEC, ses origines et son évolution
  1. Réal Boivin dit :

    Je pense plutôt que l’autiste paranoïaque a décrédibilisé le GIEC. Beaucoup de personnes ont perçu Greta Thunberg comme la marionnette du GIEC. Les humains détestent les épouvantails apocalyptiques. Les émotions perturbent le raisonnement. Ils sont contre productifs. Nous avons besoins de projets réfléchis et structurés pour faire face à ces problèmes planétaires. Ce n’est ni la spiritualité autochtone ni les crises d’angoisses d’une ado perturbées qui vont faire avancer la recherche de solutions.
    Si le GIEC a été mis en place pour tromper les populations, je ne vois pas pourquoi il serait crédible aujourd’hui.

    • Gilbert Corniglion dit :

      Je croyais avoir suffisamment décrit le GIEC pour invalider l’accusation d’agitateur alarmiste.
      Il est vrai que ces précautions n’empêcheront jamais des crétins ignares en sciences médicales ou climatiques comme D. Trump et autres délirants de l’accuser de vouloir « tromper les populations ».
      Je suis sidéré, affligé, désespéré, dégoûté de voir une telle négation de la démarche scientifique (là je mentionne tous les rapports du GIEC depuis 1990) chez des athées a priori rationalistes et supposément héritiers des philosophes Lumières, lesquels s’étaient employés à rédiger en 20 ans une énorme « Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers », 17 volumes de texte, 11 volumes de schémas et de croquis. Un pavé destiné à éclairer et émanciper les lettrés et les populations afin de les éclairer, autrement dit les délivrer des superstitions et stupidités religieuses qui faisaient loi. Un ouvrage aussitôt interdit, évidemment, par les autorités religieuses et politiques d’alors (1 752) @ https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/livre-fabuleuse-histoire-encyclopedie-11180/

      Mais il est, pour moi, inutile de polémiquer avec des gens qui ne liront jamais les rapports du GIEC (ça prend en effet un certain temps de lecture attentive, ce sont des pavés, ça ne tient pas dans Twitter ni dans les 90 minutes des stupidités catastrophistes hollywoodiennes, la mise en scène émotive en moins), n’écouteront jamais Greta Thunberg (ce serait pourtant moins dispendieux en temps : son discours accusateur à l’ONU titré How dare you ?, ne prend pas plus de 5 minutes [31 sec en version tronquée, 4 min 15 sec en version intégrale @ https://www.youtube.com/watch?v=W4e5l-XUmfI où elle reprend EXACTEMENT les prédictions chiffrées du rapport de Monaco 2019], c’est sous-titré et fidèle aux conclusions du GIEC, l’émotion en plus).

      Mais le fond de mon écoeurement provient du doute qui s’insinue en moi : on semble trouver blasphématoire qu’une ado de 15 ans ose accuser sans modération dirigeants et nous-mêmes (chacun d’entre nous en tant qu’adulte pollueur en bout de chaîne et que consommateurs irresponsables et fatalistes responsables des sérieux problèmes sociétaux et climatiques qui se profilent), et surtout que Greta soit – visiblement – une fille dont on doute qu’elle puisse tenir un discours scientifique et réfréner son émotion hystérique (NB : l’étymologie de « hystérie » est « utérus », ὑστέρα hyster en grec ou hustéra, apparenté au latin hystera, siège supposé du comportement irrationnel de toute femme selon les préjugés bibliques des crétins misogynes d’antan).

      Un public musulman ne réagirait pas moins véhémentement pour disqualifier le GIEC (la science et sa méthode) et Greta la fillette en nattes qui ose irrespectueusement s’ériger en citoyenne responsable plutôt que d’écouter sagement ses maîtres qui sont sensés « l’élever ».

  2. Pierre Thibault dit :

    En effet Réal, le GIEC, l’ONU et le monde capitaliste néolibéral ont développé une approche capitaliste de la nature. De la même façon que les travailleurs ne sont que du capital humain, la nature est un autre capital. La nourriture et l’eau sont un service génétique. Les montagnes et les beaux paysages sont un service culturel. C’est pour cette raison qu’on met un prix sur le travail de pollinisation des abeilles. Et les ONG suivent. À la place de combattre les écolos, les capitalistes les ont intégrés. Il y a des problèmes écologiques et il y a des gens pour nous vendre des solutions. C’est l’idée même de la croissance verte. Il y a beaucoup d’argent à faire. On se lance et on brevette le vivant. Le vivant devient une propriété privée. On crée des OGM pour résoudre des problèmes qui vont en créer d’autres problèmes mais, c’est pas grave, on aura justement une autre solution à vendre pour les résoudre.

    Et ça s’applique aux humains aussi. Le transhumanisme c’est aussi un marché. Voilà ce que Guy Debord appelle la société du spectacle: un vie au tout nos rapports sont régis par le capitalisme.

    • Gilbert Corniglion dit :

      On peut difficilement discuter valablement du GIEC et de Greta si on n’a rien lu du GIEC ni rien écouté de Greta.
      En connaître un minimum du GIEC, j’admets que ce n’est pas facile à qui n’a pas une formation scientifique suffisante et ne se donne pas le minimum de temps nécessaire. D’autant plus que le GIEC se veut pluri et trans disciplinaire : climat, climat dans l’histoire du globe terrestre, production des gaz, effets des gaz, circulation des gaz dans l,atmosphère, flux de chaleur entrants et sortants, etc….
      J’avais fait cet exercice pour une causerie LPA-AFT à Montréal en janvier 2019 avant la pandémie.

      Par contre, écouter et comprendre Greta est facile : elle a assimilé les principales conséquences du réchauffement dûment mesuré. C’est une excellente vulgarisatrice et ne fait qu’exposer le GIEC.

      Mais le problème n’est pas là : il réside dans le fait que des sujets scientifiques sont niés par les « carapaces idéologiques » de certaines catégories de la population. On en a la preuve pratique en observant le refus total de certains à comprendre une pandémie, la vaccination, la recherche en biologie, etc… Le même phénomène d’imperméabilité s’observe chez les croyants. Ça a pris des siècles pour qu’ils acceptent du bout des lèvres (cas des crétinocatholiques occidentaux) l’évolution de Darwin, ça prendra une éternité avant que protestants, musulmans et autres crétinocroyants osent envisager objectivement les hypothèses de Ch.Darwin, Sam Harris, Steph. Hawking qui réussissent à expliquer parfaitement des phénomènes sans devoir faire l’hypothèse d’un dieu créateur et horloger. Il est sidérant de constater combien de nos contemporains refusent encore la sphéricité de la planète et l’héliocentrisme des Anaxagore, Parménide. Aristarque de Samos, G. Bruno, Galilée, Kopernic, Képler, etc…
      Un tiers des millennials américains n’est pas sûr que la Terre est ronde @ https://www.slate.fr/story/159982/millennials-americains-terre-ronde-plate
      9% des Français pensent que la Terre est plate @ https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/9-des-francais-pensent-que-la-terre-est-plate-7799740266
      Ils sont 16 % aux ÉU.
      https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/sciences-pour-eux-la-terre-est-plate_3845189.html

      La résistance, voire la négation des données du GIEC et des interventions de Greta me semblent relever du même procédé intellectuel : au lieu de reconnaître la fièvre, on accuse le thermomètre, vieux mécanisme psycho cognitif pour préserver intactes ses certitudes. Les religions survivent à la science en recourant à ce procédé. Le but évident, c’est de sauvegarder leur stupidité.

      • Réal Boivin dit :

        À peu près personne sur terre ne va lire les pavés des bureaucrates onusiens du GIEC. On sait très bien, comme tu devrais le savoir, que toutes les grandes organisations ( ONU et ses filiales et l’union européenne pour ne nommer que ceux là ) sont financées par des fonds privés ou des gouvernements qui y voient un intérêt politique et que personne au monde ne donne des millions sans rien attendre en retour.

        Et justement Gilbert, en tant qu’athées nous devons regarder le monde tel qu’il est et ne pas se laisser berner par des idéologies ni des bureaucraties qui ne cherchent qu’à nous manipuler pour leur profit.
        Sur toutes les chaines publiques on nous a montré 4 milliardaires qui ont fait du tourisme spacial comme étant quelque chose de merveilleux. Pas un mot sur les dégâts pour l’environnement. Nous ne saurons jamais combien les lobbys de Space X donnent aux organisations internationales.

  3. Gilbert Corniglion dit :

    Le monde tel qu’il est est complexe. Oui, les rapports du GIEC sont un pavé. Évident : la complexité des changements climatiques ne peut pas se résumer à un Twitter, car des milliers de scientifiques spécialistes étudient « l’évolution historique du climat » depuis 1988. Raison de plus pour prendre le temps et la peine d’écouter, crayon en mais, ce qu’en résume – fidèlement d’après ce que lu des rapports du GIEC – Greta Thunberg dans les 4 : 15 minutes de l’intervention publique que j’ai référencée, et l’immense majorité des scientifiques qui s’expriment sur le même sujet.
    Le problème du GIEC, ce n’est pas le volume de ses rapports, c’est le déni, le refus complètement idéologiques de ses conclusions.
    Résultat – qui résume très bien le délabrement intellectuel où on en est arrivé – très peu de gens ont connaissance du problème climatique, l’immense majorité se contentant de ce qu’en dit la chapelle idéologique à laquelle il/elle appartient à son insu.
    On se casse le nez de semblable manière à propos du refus et de la diabolisation par le ROC de la laïcité québécoise : l’immense majorité n’en connaît ni le global, ni le détail et professe ainsi les plus désolantes, affligeantes, déplorables et déshonorantes conneries et contre factuels jugements.
    Je répète – et ce sera la dernière fois, car je ne veux plus dilapider mon temps à des arguties épuisantes – que les exemples que j’ai pris comme comparaisons du rejet du GIEC, sont le refus obstiné du darwinisme, de l’héliocentrisme de Galilée-Copernic-Képler après 1 600, du Big Bang d’un univers sans créateur et sans fin, de l’Encyclopédie des Lumières en 1 751, la rotondité de la planète, de la vaccination, etc… Ces refus par des idiots – généralement croyants, mais pas seulement : Einstein a nié la théorie quantique – sont exactement représentatifs du déni climatique par ceux qui sont enfermés dans une carapace idéologique qui les isole du réel tel que décrit et mesuré par des scientifiques confirmés dont c’est la principale activité.

  4. Réal Boivin dit :

    Tu mélanges tout Gilbert. À peu près personne ne conteste le fait qu’il y a effectivement un réchauffement de la planète. Même les grenouilles le savent. Les gens s’interrogent sur les causes et sur les solutions.
    De plus, les gens se méfient de plus en plus des grandes organisations qu’ils voient comme agents de propagandes à la solde des grands capitaux. Vision légitime.
    Ensuite, les gens en ont assez des gourous qui vilipendent les populations tout en épargnant les vrais pollueurs.
    Et pour finir, les gens en ont assez d’être infantilisés par des personnages créés de toute pièce comme Greta Thunberg ou des abrutis comme Donald Trump élus parce que milliardaires dans une Amérique décadente.
    L’express a un excellent article sur l’infantilisation des populations titré: De Greta Thunberg à Donald Trump, notre société souffre de son infantilisme .
    http://www.lexpress.fr/actualite/idees-et-debats/de-greta-thunberg-a-donald-trump-notre-societe-souffre-de-son-infantilisme_2158723.html

  5. Jean Thibaudeau dit :

    Je vois Greta Thurnberg un peu comme possédant, du fait de sa notoriété qu’on juger ou pas artificiellement surfaite, une certaine quantité d’explosifs face à un énorme embâcle. L’embâcle de la résistance de la population à admettre la gravité de ce qui est annoncé par les scientifiques depuis plus de 50 ans.

    Malheureusement, malgré tout le bruit qu’elle fait, ses explosifs ne produisent guère plus d’effets que de simples pétards.

    Quoi qu’il en soit, s’en prendre à elle et à ce qu’elle représente, même par des critiques qui peuvent être justifiées, constitue un mauvais choix de cible (dans le meilleur des cas) ou l’expression d’un déni de réalité absolument dévastateur (de la part de certains autres).

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