Bienvenue au congrès Atheist Alliance International-Humanist Canada ! C'est un grand plaisir de participer à l'organisation d'un événement à la fois avant-gardiste et rassembleur. Il s'agit d'abord d'une collaboration canado-américaine. Il rassemble des conférenciers et praticipants anglophones et francophones. Mais, ce qui est le plus important pour moi personnellement, ce congrès réunit athées et humanistes dans un but commun.
En tant qu'athées, nous rejetons les dogmes surnaturels infondés des divers théismes. En tant qu'humanistes, nous adoptons une éthique ancrée dans le monde réel. Ensemble, nous, athées humanistes, abandonnons les vieux codes moraux, périmés car fondés dans une foi arbitraire, que les religions nous ont imposés à travers l'histoire et qui ont tant nui à l'humanité. Face aux défis considérables que le futur nous réserve, nous savons que l'humanité seule est responsable de son destin.
Je suis aussi très heureux de notre collaboration avec le Centre for Inquiry Montréal dans la tenue, à la veille du congrès et sur le site, de sa célébration annuelle de la Journée internationale contre les lois anti-blasphème. La liberté d'expression -- une clef de voute des droits humains en général -- est actuellement menacée par des partisans religieux qui baîllonneraient toute personne insuffisamment "respectueuse" de la croyance religieuse.
Dans le monde anglophone, le terme "humaniste" a trop souvent servi d'euphémisme quand on a peur de s'identifier athée. Dans la francophonie, ce phénomène est plus complexe. Les pays francophones jouissent de taux assez élévés d'incroyance par rapport aux autres régions de la planète. Pourtant, le préjugé contre un athéisme franc, qui s'assume pleinement, demeure extrêmement fort, peut-être encore plus fort que dans les États-Unis hyper-religieux. Ce préjugé est tristement répandu même chez les militants laïques, qui souvent semblent voir dans l'athéisme une autre "croyance", à l'instar des croyances religieuses, et vont même jusqu'à faire l'écho de la propagande religieuse selon laquelle l'athéisme ouvert constituerait une menace pour la liberté des croyants !
En réalité, l'athéisme n'est aucunement une menace pour la liberté de conscience mais plutôt une affirmation de celle-ci. Nous, athées humanistes, sommes bien plus qu'une simple communauté d'incroyants. Nous sommes l'avant-garde de la lutte pour la liberté religieuse -- c'est-à-dire la liberté de choisir une religion ou de n'en choisir aucune. Nous sommes les meilleurs défenseurs, et les plus assidus, de la liberté de conscience, car nous savons que nous sommes les premières victimes lorsque cette liberté est menacée.
Au fond, l'athéisme, comme l'humanisme, est une valeur universelle. Comme les valeurs éthiques de l'humanisme sont celles adoptées généralement lorsqu'on arrive à mettre de côté les vieilles croyances tribales, pré-modernes et surnaturelles, toute personne est athée par rapport aux dieux des autres religions. Lutter pour la liberté de conscience des athées -- c'est-à-dire, pour le droit de refuser les croyances qu'on essaie de nous imposer --, c'est travailler pour que tout le monde jouisse de cette liberté. Encourageons tous les incroyants à sortir du placard athée afin de détruire le vieux préjugé selon lequel la morale ne serait que religieuse. Nous avons beaucoup de travail à faire, et ce congrès constitue un pas dans ce sens. Merci de vous joindre à nous !
David Rand
coordonnateur, Libres penseurs athées